Les engagements en santé présentés au cours des derniers jours par Thomas Mulcair donnent l'impression que le NPD est en campagne électorale... provinciale. Former 7000 médecins et infirmières praticiennes, ouvrir 200 cliniques, offrir plus de lits en soins de longue durée pour les personnes âgées, raccourcir les délais d'attente pour les jeunes souffrant de problèmes de santé mentale, voilà de belles intentions. Mais qui sont de compétence provinciale.

On peut comprendre les politiciens de vouloir rejoindre les électeurs dans leur quotidien. S'il est un sujet de préoccupation universelle, c'est bien la santé. Promettre d'améliorer l'accès aux soins trouvera plus d'écho que d'évoquer les transferts aux provinces et la péréquation. Venant du fédéral, ce serait pourtant plus juste.

Le pouvoir d'Ottawa pour augmenter, par exemple, le nombre de médecins est limité. Ainsi, chacune des facultés de médecine est responsable de la formation et le nombre d'admissions est fixé par le gouvernement provincial.

D'autres engagements du NPD outrepassent son champ de compétences. Il propose ainsi d'augmenter le salaire minimum à 15 $ l'heure, mais dans les faits, seule une minorité de travailleurs du secteur fédéral y auraient droit puisque le salaire minimum relève de chacune des provinces.

Quant à l'implantation de garderies à 15 $ par jour, un gouvernement néo-démocrate verserait, à terme, 5 milliards annuellement, mais les provinces devraient en financer 40 % (le Québec pourrait bénéficier de l'argent sans condition puisque son programme est jugé suffisant). Non seulement cette promesse repose sur l'assentiment des provinces, mais elle semble aussi bien optimiste quand l'on sait que le programme québécois coûte à lui seul 2,3 milliards par année.

Gardons en tête que d'élection en élection, la réalisation de certains engagements pris par les partis fédéraux prend ensuite la forme de discussions, souvent longues et houleuses, avec les provinces.

Il est d'ailleurs instructif de lire les réponses des principaux chefs de partis aux demandes formulées pour le Québec par le premier ministre Philippe Couillard, dans la présente campagne.

Thomas Mulcair nuance ses engagements, proposant une « approche de partenariat et de concertation » avec les provinces pour « assurer un meilleur accès aux soins et la viabilité du système ». Justin Trudeau parle d'un « partenariat » et d'une « vision fédérale qui respecte les compétences du Québec et de toutes les provinces ». Quant à Stephen Harper, il évoque un « fédéralisme d'ouverture », affirmant être « le seul parti qui respecte dans ses actions les compétences et l'esprit de la Constitution ».

Certains engagements électoraux sont du marketing. En se laissant séduire par la promesse d'avoir (enfin) un médecin de famille, l'électeur doit garder en tête qu'il peut s'agir d'un mirage. La réalité est plus complexe et se joue en coulisses.