Souvent négligés dans l'opinion publique, les cégeps sont pourtant des bouées de sauvetage pour des régions qui connaissent un déclin démographique de leur population.

En plus d'être des milieux de vie pour les cégépiens, ils sont des catalyseurs d'emplois qui font battre le coeur des villes. Une poignée d'élèves de plus ou de moins suffit parfois à faire la différence entre la survie et l'abolition d'un programme. Et le maintien de programmes novateurs, uniques et reconnus permet à des établissements de se distinguer et d'attirer la clientèle. Notamment en région.

La mobilité étudiante est un enjeu crucial. « C'est la vitalité des régions qui en dépend », a déclaré le président et directeur général de la Fédération des cégeps, Bernard Tremblay, en rencontre éditoriale à La Presse cette semaine.

Le rapport Demers, rendu public l'automne dernier, traitait largement de la question. Le ministère de l'Éducation y travaille, mais la mise en place des recommandations se fait toujours attendre.

La Fédération étudiante collégiale du Québec demande au gouvernement de créer des mesures incitant les cégépiens des grandes villes à faire une partie de leur formation en région. Une proposition appuyée par la Fédération des cégeps.

Il faut agir rapidement. Globalement, la clientèle du collégial est stable pour l'année 2015-2016, mais le portrait par région n'est pas aussi rose.

Beaucoup d'efforts sont investis pour recruter à l'international. Le réseau collégial compte 2500 étudiants étrangers et souhaite en accueillir le double. L'objectif est louable et favoriserait le renouvellement de la clientèle, mais l'investissement nécessaire est important. Sans compter que la langue demeure une barrière pour plusieurs.

Favoriser la mobilité des élèves québécois se présente comme une avenue plus aisément réalisable. Le jeune qui étudie dans une région a de plus fortes chances d'y rester par la suite tandis que celui qui quitte sa région natale pour aller étudier à l'extérieur a peu de chances d'y revenir.

L'impact des compressions qui frappent le réseau collégial - 155 millions depuis quatre ans - doit aussi être pris en considération. Les petits établissements en ressentent les effets encore plus durement. Ils doivent rester attrayants, mais ils sont les premiers à devoir couper dans l'aide aux élèves en difficulté (toujours plus nombreux), dans les heures d'ouverture de la bibliothèque ou dans les services à la vie étudiante.

Les cégeps ont souvent été critiqués au cours des dernières années, leur pertinence a même été remise en question. Ils ont pourtant un rôle à jouer. Un rôle en mutation. Seulement 68 % des étudiants arrivent désormais du secondaire ; le reste de la clientèle est formée de nouveaux arrivants, d'adultes qui retournent aux études et de travailleurs qui viennent parfaire leur formation.

Pour que les cégeps continuent d'assumer leurs fonctions, il faut s'assurer qu'ils puissent survivre et briller partout, pas seulement dans les grandes villes.