Il y a tellement de tags, de graffitis et d'affichage sauvage dans la rue Sainte-Catherine, c'en est désolant. Tout le mobilier urbain du centre-ville est souillé.

Les bornes de paiement de stationnement. Les panonceaux de stationnement. Les téléphones publics. Les boîtes noires des feux de circulation. Sale, sale, sale. En permanence.

Et quand vous interpellez les propriétaires de ces équipements pour savoir pourquoi ils ne font rien, ils vous répondent toujours la même rengaine: c'est pas notre faute ! On nettoie, ça revient. On nettoie encore, ça revient encore. On nettoie constamment, même si ça revient constamment.

Or c'est faux, ai-je observé. Ces équipements ont beau se trouver dans le secteur le plus stratégique de Montréal... ils ne sont pas nettoyés sur une base régulière.

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Vous vous en souvenez peut-être. En décembre dernier, je m'étais désolé de l'état de délabrement de la Sainte-Cat, qui était minée par les déchets et les graffitis en pleine période des Fêtes.

Et je demandais alors pourquoi on n'exige pas que Bell et Stationnement de Montréal nettoient leurs équipements les plus exposés à la vue.

J'avais alors reçu ce courriel de Stationnement de Montréal, comme un reproche à mots couverts. «Nous comptons une équipe dédiée exclusivement au nettoyage des bornes de paiement, m'avait écrit la porte-parole Sophie Charette. En 2014, nous avons nettoyé les bornes situées sur la rue Sainte-Catherine à plusieurs reprises.»

J'ai donc pris l'organisation au mot et je suis retourné vérifier si c'était vrai, en haute saison, alors que les touristes sont plus nombreux que jamais dans la principale artère de Montréal.

Or c'est sale, sale, sale. Aussi sale qu'en 2014.

Et pas parce que les tags et graffitis sont revenus après avoir été dûment enlevés par les propriétaires des équipements, comme on veut nous le faire croire. Non. Parce que les mêmes tags, les mêmes graffitis, les mêmes autocollants se retrouvent exactement aux mêmes endroits.

Sept mois plus tard.

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C'est comme si rien ne s'était passé. Tout ce que mon collègue Olivier Jean avait photographié en décembre dernier, entre Drummond et University, se trouve aujourd'hui dans le même état.

Les bornes de paiement de Stationnement de Montréal, le téléphone public de Bell, la boîte électrique de l'arrondissement de Ville-Marie, rien de tout ça n'a été nettoyé. Du tout.

Et ce, même si on est au coeur du coeur de Montréal. Dans la grande Sainte-Catherine. Celle qu'on devrait soigner, bichonner, entretenir de manière prioritaire.

Et pourtant, non. «Nous avons un ou deux véhicules attitrés aux graffitis par jour, explique Sophie Charrette, de Stationnement de Montréal. Ce secteur n'a pas encore été nettoyé car nous avons priorisé les événements comme la F1 et les spectacles.»

«Nous avons une petite équipe, et ça prend vraiment beaucoup de temps, nettoyer l'équipement. C'est sûr qu'on aimerait avoir l'aide de la police, car tout le monde doit s'y mettre pour trouver une solution.»

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Tout le problème des tags et des graffitis se trouve résumé dans cette réaction de Stationnement de Montréal, qui se déresponsabilise en donnant faussement l'impression de se responsabiliser.

«Il faut une union des forces avec la Ville, l'arrondissement et le SPVM», dit Sophie Charrette. C'est vrai. Mais ce n'est pas parce que tout le monde doit fournir sa part d'efforts... que Stationnement de Montréal est justifié de ne pas faire la sienne.

Personne n'a pensé augmenter les budgets d'entretien dans cette organisation, plutôt que de hausser constamment les redevances à la Ville ?

La réponse de Bell Canada n'est pas bien différente. «Bien que Bell procède à l'entretien régulier de ses téléphones publics deux fois par an, nous envoyons des techniciens pour réparer les dommages causés par du vandalisme chaque fois que nous en sommes informés», explique la porte-parole Marie-Ève Francoeur.

Bell prend donc sa responsabilité... pourvu que quelqu'un d'autre la prenne avant lui. Pourvu que quelqu'un téléphone à Bell pour signaler l'existence de tags sur le téléphone de Bell !

Ce qui n'arrive pas, tout simplement parce qu'il y a des tags et des graffitis partout. Et parce que les citoyens ont autre chose à faire que de se perdre dans les dédales téléphoniques des différents services d'utilités publiques.

Dans le fond, Bell réagit de la même façon que Stationnement de Montréal. Les deux affirment qu'ils luttent contre les tags, les graffitis et l'affichage sauvage. Que c'est un enjeu qui concerne tous les acteurs municipaux. Et que c'est la responsabilité de tout le monde... donc de personne.

BIENVENUE DANS LE XXIe SIÈCLE

J'ai essayé la nouvelle application de la société Diamond, hier. Impeccable. Simple, rapide, efficace. On peut savoir dans combien de temps le taxi arrive. On peut intégrer son numéro de carte de crédit. Et on peut évaluer le chauffeur. Tout ce que ça prenait, c'est un peu de bonne volonté... et un bon coup de pied de la concurrence.