Fermer les yeux ne suffit plus. Même marginal, le phénomène de l'école à la maison est en croissance. Québec doit s'y intéresser afin que tous les enfants reçoivent l'éducation à laquelle ils ont droit.

L'école à la maison est souvent associée à des communautés religieuses fermées au reste du monde. Pourtant, la décision des parents est plus souvent dictée par des valeurs ou des principes idéologiques.

L'augmentation du nombre d'élèves en difficulté dans les classes, combinée aux compressions et au manque de ressources en éducation, apporte une nouvelle réalité. Impuissants à obtenir les services dont leurs enfants ont besoin, des parents les retirent de l'école pour faire la classe eux-mêmes, comme le rapporte aujourd'hui notre collègue Marie-Claude Malboeuf.

Avant d'affirmer que l'école à la maison est une panacée, plusieurs bémols s'imposent, a toutefois démontré la Protectrice du citoyen dans un rapport publié ce printemps.

Le nombre d'enfants touchés est un enjeu fondamental. La loi oblige la fréquentation scolaire jusqu'à l'âge de 16 ans. Plus d'un millier de jeunes Québécois ont obtenu une dispense pour faire l'école à la maison. Selon les estimations, ils seraient au total trois fois plus nombreux.

On peut se demander si ces enfants auront le bagage nécessaire pour obtenir leur diplôme ou entreprendre des études supérieures. Le suivi et l'évaluation varient considérablement d'une commission scolaire à l'autre. Certaines offrent aux parents des ressources - conseiller pédagogique, accès à la bibliothèque, matériel didactique pour les aider - alors que d'autres s'en lavent les mains.

La Protectrice du citoyen a émis plusieurs recommandations pour atténuer ces problèmes et Québec vient de lui remettre son plan de travail. Selon les informations qui circulent, il vise à mieux comprendre le phénomène, favoriser la communication avec les parents et aplanir les disparités qui existent dans les modalités d'évaluation et de suivi des apprentissages.

Quelques études brandies triomphalement démontrent que les enfants qui font l'école à la maison réussissent aussi bien, sinon mieux, que les élèves qui fréquentent l'école. Ces résultats nécessitent des nuances. La plupart de ces études ne sont pas réalisées de façon indépendante et la participation des enfants se fait sur une base volontaire.

Il est donc primordial de mieux documenter la réalité. Pour ce faire, les ponts doivent être rétablis entre les parents et les autorités scolaires, car l'incompréhension et le manque de confiance mutuelle sont à la source des embûches actuelles.

Québec devrait aussi envisager la possibilité de rendre la formation à distance accessible aux moins de 16 ans, comme cela se fait déjà en France et en Colombie-Britannique. Cette méthode constituerait un outil éprouvé pour aider les parents à planifier leur enseignement.

L'école à la maison est en croissance partout dans le monde, pas seulement au Québec. On ne peut plus faire comme si cette réalité n'existait pas.