À la lumière d'un avis demandé par Québec sur l'efficience des commissions scolaires, la taille de la Commission scolaire de Montréal (CSDM) semble devenue son principal handicap.

Réalisé dans le cadre du rapport Champoux-Lesage sur le financement, l'administration, la gestion et la gouvernance des commissions scolaires, le document rendu public cette semaine est une radiographie de ces organisations.

Les auteurs ont évalué la taille optimale des commissions scolaires, leur capacité à offrir des services à des coûts justifiés et les économies possibles si elles atteignaient une plus grande efficience.

Avec une moyenne d'efficience de 85 %, le portrait d'ensemble n'est pas mauvais, mais il est possible de faire mieux. Si toutes les commissions scolaires atteignaient la perfection, cela se traduirait par des économies d'un milliard. Cette cible est utopique. Une amélioration de quelques points entraînerait, plus réalistement, une économie de 147 millions annuellement.

Ce portrait de la province invite surtout à la réflexion. En comparant des commissions scolaires de tailles similaires qui ont des paramètres semblables (proportion d'élèves handicapés ou en difficulté, milieu défavorisé, etc.), on constate de grands écarts. Des questions se posent. Qu'est-ce qui justifie, par exemple, que la proportion d'enseignants ou de professionnels de soutien soit si variable d'un endroit à l'autre ?

Répondre à ces interrogations est nécessaire. Il faut regarder ce que font les meilleures commissions scolaires afin de copier leurs pratiques. Malheureusement, il est beaucoup plus facile de dire qu'on ne peut rien changer que de tenter de le faire.

Quant à la CSDM, l'avis illustre clairement qu'elle est dans une classe à part. Avec ses 112 000 élèves, la plus grosse commission scolaire au Québec présente un coût par élève comparable à celui de commissions scolaires de moins de 10 000 élèves. Dans son cas, l'économie d'échelle est décroissante : le coût par élève supplémentaire y est le plus élevé (10 996 $), accroissant les coûts totaux.

Hier, le ministre François Blais a réitéré son intention de présenter un projet de loi cet automne pour revoir la gouvernance des commissions scolaires et mettre fin aux élections scolaires. Il réfléchit toujours à de possibles fusions.

Son prédécesseur, Yves Bolduc, voulait réduire de 72 à 46 le nombre d'organisations. Il proposait d'amputer une partie de la CSDM pour l'annexer à la Commission scolaire Marguerite-Bourgeois (CSMB), qui serait passée de 55 000 élèves à 91 000. Or, l'avis technique invite plutôt à la prudence puisque la taille optimale des commissions scolaires se situerait entre 10 000 et 40 000 élèves.

Dans ce cas, la volonté d'accroître le poids de la CSMB au risque de la rendre ingérable, elle qui est actuellement plus efficiente que la CSDM, s'explique difficilement. Si la taille de la CSDM pose réellement problème, l'une des hypothèses à étudier ne serait-elle pas plutôt de la scinder en deux ?