Ce n'est pas du Québec qu'il sera question ici. Quoique...

Les négociations entre le gouvernement grec et ses créanciers - l'Union européenne et le Fonds monétaire international - se poursuivent cette semaine, à quelques jours d'une (autre) échéance financière. En juin, Athènes doit rembourser 1,6 milliard d'euros (2,2 milliards en dollars canadiens) au FMI, dont une première tranche de 300 millions d'euros dans dix jours. Le gouvernement dirigé par la coalition de gauche Syriza, élu en janvier, affirme qu'il sera incapable de payer sans un accord débloquant une aide supplémentaire.

Au-delà des nombreuses péripéties qui ont marqué des pourparlers, cette affaire illustre à quel point les principales promesses du premier ministre Alexis Tsipras étaient irréalistes. Plus question de négocier avec la « troïka » (FMI, Commission et Banque centrale européennes), jurait-il. Finie l'austérité, martelait-il. Or, M. Tsipras s'est vite plié à la négociation avec la « troïka », rebaptisée « les institutions » pour lui permettre de sauver la face.

« Les institutions » veulent bien que la gauche grecque rende l'austérité moins brutale, ce qui s'imposait de toute façon. Mais l'austérité va continuer. Il en est des États comme des personnes : un endettement excessif les place à la merci de leurs créanciers.

La baisse rapide des dépenses publiques imposée aux Grecs a certainement fait très mal. Cependant, les effets bénéfiques commençaient à se faire sentir. Les finances de l'État se redressaient, la croissance pointait le bout du nez.

Les élections et l'impasse qu'elles ont provoquée ont tué la reprise dans l'oeuf. Athènes n'a plus un sou.

Quatre questions restent à régler : 1) uniformisation des taux de la TPS grecque, dans l'espoir de diminuer l'évasion fiscale ; 2) réforme des régimes publics de retraite, qui ne sont pas capitalisés ; 3) détermination du parcours budgétaire à court et moyen termes ; et 4) réforme du Code du travail. Chacune de ces questions est vue comme essentielle par « les institutions » ; chacune est délicate pour Syriza, dont l'aile radicale rue déjà dans les brancards.

Le cas grec est au coeur du débat sur les bienfaits et les torts de l'austérité. Cependant, cette discussion fait trop peu de place à un autre enjeu, également crucial : la plus grave menace à l'indépendance d'une nation et à la capacité d'agir de l'État n'est pas la rigueur budgétaire, mais le surendettement. C'est pourquoi la meilleure façon pour un peuple de préserver sa souveraineté, c'est de prendre lui-même les décisions difficiles assurant la santé des finances publiques, avant que les créanciers décident d'intervenir.

Bien que la situation économique et budgétaire du Québec ne se compare absolument pas à celle de la Grèce, la leçon vaut pour nous comme pour toutes les autres nations. La vraie souveraineté commence par la responsabilité.