Beaucoup de bon sens se dégage de l'entente conclue entre le gouvernement et les médecins. Elle force un changement de culture, mais sans les pénalités rebutantes du projet de loi 20.

Les médecins de famille ont jusqu'au 31 décembre 2017 pour donner le coup de barre nécessaire afin que les Québécois aient un médecin, mais surtout, qu'ils puissent le voir quand ils sont malades. À défaut de quoi, la portion du projet de loi qui vise les omnipraticiens - s'il est adopté - entrera en vigueur.

L'entente mérite d'être étudiée plus en détail, mais elle semble prometteuse ; les propositions émanent du terrain, ce qui laisse espérer une grande adhésion. Pour ceux qui s'y refuseraient, l'engagement du ministre Gaétan Barrette et du président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), le Dr Louis Godin, de suivre conjointement et périodiquement l'évolution des résultats permet d'espérer que les cibles seront respectées.

Les Québécois inscrits à un guichet d'accès devront être pris en charge par un médecin dans un délai moyen de 30 jours, soit un maximum de 90 jours pour un patient en bonne santé et un maximum d'un mois pour un patient vulnérable. C'est une cible ambitieuse : les délais se comptent parfois en années.

Pour y parvenir, Québec accepte de reconnaître la prise en charge et du suivi des patients par un médecin de famille comme une activité médicale particulière (AMP), au même titre que la pratique hospitalière à laquelle les jeunes médecins consacrent une grande part de leur temps.

Pour ramener les jeunes médecins dans les cabinets, le ministre tente une approche innovatrice.

Les nouveaux postes ne seront plus seulement attribués par région, mais en fonction des Groupes de médecine de famille (GMF). Autrement dit, les jeunes médecins seront obligés d'aller travailler dans les cliniques où l'on manque précisément de médecins.

C'est une bonne nouvelle, mais on peut douter qu'elle se fasse à coût nul. Le gouvernement devra créer des dizaines de nouveaux GMF et leur fournir les budgets nécessaires pour l'informatisation et l'embauche de professionnels, notamment des infirmières. Si tout fonctionne rondement, on peut toutefois penser que les patients dont l'état de santé n'est pas critique se rueront moins massivement vers les urgences, faute d'alternatives, ce qui entraînera des économies.

L'atteinte des cibles passe aussi par la mise en place de pratiques préconisées depuis longtemps. C'est le cas de l'accès adapté, qui prévoit que les médecins conservent des disponibilités quotidiennes pour voir leurs patients malades, au lieu de fixer des rendez-vous des mois à l'avance. C'est une évidence, mais à peine 400 des 8800 médecins de famille travaillent de la sorte pour le moment.

Après des mois de confrontation, l'accord intervenu entre le ministre et la FMOQ est un signal positif. C'est aussi l'entente de la dernière chance ; les médecins disaient avoir des solutions, à eux maintenant de démontrer qu'elles sont efficaces.