Ce matin, il pourrait facilement y avoir 100 points sur la longue liste des défis du nouveau chef du Parti québécois, mais comme la tâche s'annonce pour lui difficile, voici pour commencer cinq priorités auxquelles il devra s'appliquer rapidement s'il veut réussir là où des politiciens autrement plus aguerris que lui ont échoué.

Premier défi: régler cette histoire de fiducie sans droit de regard

Vendredi, au Centre des congrès de Québec, ça sautait aux yeux: pour arriver dans la grande salle, on entrait par le «hall Vidéotron», puis on se branchait sur le réseau Vidéotron pour accéder à l'internet. On n'y échappe pas: Québecor occupe beaucoup, beaucoup de place partout au Québec et son propriétaire a beau dire que cela ne causera aucun problème qu'il en soit l'actionnaire de contrôle, le contraire crève les yeux.

M. Péladeau a promis de mettre ses actions dans une fiducie sans droit de regard s'il devient chef du PQ. Il devra donc le faire rapidement. Mais cela sera-t-il suffisant pour désamorcer ce que Jean-François Lisée a qualifié de «bombe à retardement».

La semaine dernière, le président du conseil d'administration de Québecor, Brian Mulroney, a révélé que Pierre Karl Péladeau est consulté occasionnellement sur les décisions importantes de l'entreprise. En principe, une telle mesure priverait PKP de toute intervention auprès des administrateurs de l'empire dont il reste propriétaire.

Les libéraux et les caquistes, eux, ne se gêneront pas pour ramener cette question sur le tapis du Salon bleu aussi souvent que possible.

Deuxième défi: l'unité du parti

Jean-François Lisée (encore lui!) a parlé, vendredi avant le dévoilement du nom du nouveau chef, de la «convergence» des idées nécessaire après cette course. En effet, M. Péladeau devra, comme tout nouveau chef, ressouder son parti, au caucus et dans les instances militantes. Il devra tendre la main à quelques gros morceaux du caucus qui ne l'ont pas appuyé (Alexandre Cloutier, Martine Ouellet, Jean-François Lisée, François Gendron, notamment).

Avec près de 60% des voix au premier tour, il part toutefois sur une bonne base.

Troisième défi: remobiliser la famille souverainiste

Si PKP veut «faire du Québec un pays», comme il le dit à chacun de ses discours, il devra impérativement réunir la famille souverainiste éparpillée et démobilisée. De ça, il a très peu parlé durant sa course à la direction.

M. Péladeau est visiblement populaire au PQ, mais il rebute la gauche, chez Québec solidaire, notamment.

Le nouveau chef du PQ doit aussi reconquérir les jeunes, qui ont, de l'avis de plusieurs péquistes, déserté le parti.

Quatrième défi: apprendre à être chef de parti et chef de l'opposition

C'est la première fois que le PQ choisit un chef qui n'a aucune expérience politique. Pierre Karl Péladeau a du temps (les élections auront lieu en 2018) pour connaître son parti et préparer la prochaine campagne, mais il sera chef de l'opposition officielle dès mardi matin à l'Assemblée nationale, et tous les projecteurs seront sur lui. Durant la course, Bernard Drainville a laissé entendre que PKP ne serait pas prêt à talonner le gouvernement Couillard dès le premier jour. On verra comment il s'en sortira mardi, mais les nouveaux chefs n'ont souvent qu'une chance de faire une première bonne impression.

Cinquième défi: quel programme pour le PQ, quelle stratégie pour l'indépendance?

La souveraineté n'est ni à droite ni à gauche, a dit vendredi soir M. Péladeau. Mais encore? Il a surfé sur sa notoriété et des généralités durant la course, mais il devra maintenant mettre de la chair sur l'os. Quelles priorités économiques et sociales? Mais surtout, quel plan en vue pour la souveraineté? C'est là que les libéraux l'attendent. Vendredi, avant même l'annonce de l'élection de PKP, un conseiller de Philippe Couillard affirmait, avec un large sourire, que le retour du «poing en l'air» et du référendum réjouissait les libéraux.