Des leaders internationaux des milieux religieux, politiques et scientifiques étaient réunis mardi, au Vatican, à l'invitation de l'Académie pontificale des sciences. Ils ont publié une déclaration sur le climat dans laquelle ils affirment que « le changement climatique produit par l'Homme est une réalité scientifique et l'atténuer de manière décisive est un impératif moral et religieux pour l'humanité ».

Des leaders internationaux des milieux religieux, politiques et scientifiques étaient réunis mardi, au Vatican, à l'invitation de l'Académie pontificale des sciences. Ils ont publié une déclaration sur le climat dans laquelle ils affirment que « le changement climatique produit par l'Homme est une réalité scientifique et l'atténuer de manière décisive est un impératif moral et religieux pour l'humanité ».

La tenue de cette conférence confirme que le pape François compte faire de la lutte contre les changements climatiques l'un des thèmes principaux de son pontificat. Il doit d'ailleurs publier, cet été, une encyclique sur cette question. On s'attend à ce que le sujet soit au coeur de ses discours à l'ONU et au Congrès américain, en septembre.

Comme la popularité du pape argentin est immense, ceux qui militent pour une réduction des émissions de gaz à effet de serre se réjouissent de le compter dans leur camp. À l'inverse, les négationnistes s'en inquiètent. Certains se sont même rendus à Rome cette semaine. « L'Église se mêle de ce qui ne la regarde pas lorsqu'elle quitte le champ de la foi et de la morale pour s'aventurer sur le terrain de la science », a déclaré l'un d'eux.

Pourtant, ce n'est pas la première fois qu'un souverain pontife s'engage dans les débats politiques, sociaux ou scientifiques. Des encycliques, certaines célèbres, ont traité du rapport entre la raison et la foi, de la condition des travailleurs, du sort des pays du tiers monde, etc. L'encyclique de François sur l'état de la planète s'inscrira donc dans la tradition.

Certains y verront un coup de relations publiques, une façon pour l'Église catholique de se donner une image moderne. En réalité, le souci du pape pour la préservation de la Nature a des racines très anciennes, dans le Livre de la Genèse : « Dieu prit l'homme et le plaça dans le jardin d'Eden pour le cultiver et pour le garder. » Cette préoccupation repose sur les mêmes fondements que la valeur primordiale accordée à toute vie humaine, notamment celle de l'enfant à naître. « Pour le chrétien, prendre soin de l'oeuvre de création de Dieu est un devoir », a expliqué le cardinal ghanéen Peter Turkson, un des rédacteurs de l'encyclique.

Cette campagne vaticane n'est pas sans risque. En définissant la lutte contre les changements climatiques comme une obligation morale, elle pourrait insuffler une dose de dogmatisme à un mouvement qui a déjà des allures de croisade, rendant très difficile la tenue des « débats réfléchis » par ailleurs souhaités par l'Église.

Au final, toutefois, on ne peut qu'applaudir la volonté du pape François de peser de tout son poids en faveur d'une action internationale ambitieuse visant à mettre un terme au réchauffement de la planète. Peut-être parviendra-t-il à ébranler les certitudes des politiciens négationnistes (plusieurs sont chrétiens) qui souhaitent l'échec de la conférence de Paris, à la fin de l'année.