Les enseignants sont des modèles pour les élèves. Le choix de cette profession ne doit pas être un pis-aller.

La volonté du nouveau ministre de l'Éducation, François Blais, de rehausser les critères d'admission aux programmes universitaires en enseignement est un signal positif pour attirer les meilleurs candidats et contribuer à revaloriser la profession.

Cette préoccupation concernant le recrutement est partagée par le milieu. Depuis l'automne, les doyens des programmes d'éducation réfléchissent à des mesures pour faire en sorte de rehausser la qualité des admissions.

Les lacunes des jeunes professeurs en français sont particulièrement inquiétantes. C'est précisément ce à quoi veut s'attaquer le ministre en proposant que l'admission universitaire soit conditionnelle à la réussite d'un examen de français.

***

Actuellement, les futurs professeurs doivent réussir le Test de certification en français écrit pour l'enseignement (TECFEE) pour obtenir leur diplôme. À peine la moitié réussit du premier coup; le quart doit faire plusieurs tentatives. Des cours de rattrapage sont offerts, mais les mesures sont variables d'une université à l'autre.

Elles sont insuffisantes. Une étude menée auprès d'enseignants fraîchement diplômés a révélé l'an dernier que certains se cachent pour vérifier l'orthographe d'un mot sur leur iPhone; d'autres se disent incapables d'écrire un texte sans le support du logiciel Antidote; plusieurs sont angoissés à l'idée d'écrire au tableau ou d'envoyer une note aux parents, craignant de faire des fautes.

La maîtrise du français est un facteur déterminant de la réussite scolaire. Comment un enseignant peut-il aider un élève s'il éprouve lui-même des difficultés?

Québec songe aussi à imposer un contingentement ministériel des admissions - une mesure exceptionnelle - qui ferait en sorte de rehausser indirectement les seuils d'admission basés sur la Cote R. L'an dernier, celle du dernier étudiant admis en enseignement variait de 21,5 à 25,5 selon les universités, reflétant des notes dans la moyenne - sans plus - au niveau collégial.

Les qualités d'un bon enseignant ne reposent pas seulement sur les résultats académiques, mais on doit les prendre en considération. Pour certains étudiants, l'enseignement est un deuxième, voire un troisième choix parce qu'ils n'ont pas les notes suffisantes pour être admis dans un autre programme.

La vigilance s'impose toutefois pour éviter des effets pervers. Une analyse minutieuse des besoins est nécessaire pour s'assurer que la décision d'écarter des candidats à l'université n'entraîne pas de pénurie dans les écoles.

La réflexion concernant la sélection des futurs enseignants est nécessaire, mais ne devrait constituer qu'un premier pas. Il faudra éventuellement revoir le curriculum. Trop de jeunes professeurs ne se sentent pas suffisamment outillés au terme de leurs études universitaires, particulièrement vis-à-vis des élèves en difficulté. La formation continue serait aussi à repenser, car les apprentissages ne se terminent pas une fois le diplôme obtenu. Sans compter le salaire d'entrée dans la profession, qui n'est pas particulièrement attrayant.