La démission d'Yves Bolduc enlève peut-être une épine au pied du milieu de l'éducation, mais les défis à surmonter restent entiers.

Le successeur de M. Bolduc aura intérêt à fixer rapidement quelques priorités et s'y tenir. Il devra surtout éviter de tomber dans le piège de vouloir tout révolutionner.

Avec sept ministres en 10 ans, le réseau de l'éducation a besoin de stabilité. S'il est un milieu où le temps, la constance et la méthode des petits pas ont fait leurs preuves, c'est bien en éducation.

On peut d'ailleurs se demander s'il est nécessaire de continuer de foncer dans une réforme pour réduire le nombre de commissions scolaires, surtout qu'il n'est pas établi que des économies sont possibles. Pendant que les énergies seront consacrées au brassage des structures, qui aidera l'élève et épaulera l'enseignant ?

Québec a l'ambition d'améliorer la réussite scolaire et d'augmenter le taux d'obtention d'un diplôme, particulièrement pour les garçons. Les efforts doivent être faits en ce sens.

Le ministère n'a malheureusement pas de vision claire pour atteindre ses objectifs. Il mise sur des plans de réussite, mais n'encadre pas suffisamment les écoles et les commissions scolaires. L'effet pervers de cette approche, qui repose notamment sur des objectifs chiffrés, risque de fausser les résultats.

D'autres méthodes qui ont fait leurs preuves devraient dicter la conduite :

- Plus de ressources doivent être investies dans le dépistage précoce. Près d'un enfant sur trois entre à la maternelle avec un retard dans l'un des cinq domaines de maturité scolaire. Il faut aider rapidement ces jeunes à combler leurs lacunes, avant qu'une succession d'échecs ne sape définitivement leur motivation.

- Des programmes encourageant la lecture doivent être mis en place. C'est un déterminant majeur de la réussite scolaire qui améliore le vocabulaire, les connaissances générales et l'esprit d'analyse. Parallèlement, la pratique de l'écriture améliore la réussite en français, surtout en orthographe.

- Donner de l'aide aux enseignants pour que les élèves à risque bénéficient d'un suivi soutenu. Québec a raison de se questionner sur l'explosion du nombre de cas d'élèves en difficulté dans les écoles, mais il doit aussi offrir des ressources pour que ces jeunes bénéficient d'un encadrement qui favorise leurs apprentissages.

Parmi les autres dossiers prioritaires, la formation des maîtres - où l'écart est grand entre l'université et la réalité du terrain - et le problème du financement des universités méritent une attention particulière.

Le nouveau ministre devra avoir la sagesse de prendre du recul pour éviter qu'un incident survenu en classe ne devienne un événement majeur à l'Assemblée nationale, d'autant plus qu'il arrive en pleine négociation avec les syndicats. Après tout, le ministre de l'Éducation est le capitaine d'un énorme paquebot. Il doit négocier les virages en douceur pour faire en sorte que l'équipage suive.