Ainsi, Vladimir Poutine souffrirait d'une forme légère d'autisme, connue sous le nom de syndrome d'Asperger. Son développement neurologique aurait été perturbé dans son enfance, d'où sa rigidité corporelle, son inaptitude à communiquer avec les gens et une «forte dépendance au combat».

Ce n'est pas moi qui le dis, mais des experts du Pentagone qui ont scruté le faciès du président russe sur des photos et des vidéos et qui en ont tiré ce portrait médical. Établi en 2008, ce diagnostic a été communiqué aux médias cette semaine.

Comme ce serait simple de pouvoir dire que dans l'actuelle escalade entre l'Occident et Moscou, le leader russe obéit aux impératifs d'un dérèglement neurologique!

Pourtant, quand on regarde la partie de bras de fer qui se joue actuellement en Ukraine, Vladimir Poutine ne semble pas si mauvais communicateur que ça. À preuve, les négociations en vue d'un éventuel cessez-le-feu entre Kiev et les rebelles prorusses de l'est de l'Ukraine.

Au moment d'écrire ces lignes, l'issue de ce nouvel effort d'apaisement restait plus qu'incertaine. Mais les termes des discussions sont assez connus.

Moscou souhaite élargir le territoire sous administration rebelle pour y ajouter les 500 kilomètres carrés conquis depuis que la guerre a repris de plus belle, il y a trois semaines.

Il veut aussi reconnaître les résultats des élections bidon tenues en novembre en territoire rebelle. Et accorder un statut spécial à ce territoire, assorti d'un haut degré d'autonomie, au risque de rendre l'Ukraine ingouvernable.

La Russie souhaite en outre contrôler la frontière potentiellement démilitarisée. Et, bien sûr, s'assurer que l'Ukraine ne tombera jamais dans le giron de l'OTAN - question qui ne fait pas officiellement partie des pourparlers, mais qui, comme l'écrivait Le Monde hier, est omniprésente dans tous les esprits.

L'Ukraine se trouve actuellement dans une situation semblable à celle qui prévalait en août, avant la signature d'un premier accord de cessez-le-feu - mais en nettement pire, souligne Serhiy Kudelia, spécialiste de ce pays à l'Université Baylor, au Texas.

La devise ukrainienne vient de dégringoler de 30%. Les Ukrainiens sont divisés et désillusionnés, et la dernière chose qui les unit, c'est la guerre contre les rebelles de l'est.

Sur le terrain, les combats deviennent de plus en plus virulents. Les rebelles du Donbass sont de mieux en mieux armés par la Russie. Ils sont aussi de plus en plus divisés entre eux, notamment sur la question de leurs futures relations avec Moscou.



PHOTO MAKIM SHEMETOV, REUTERS

Une femme constate les dégâts causés à sa demeure par les affrontements entre rebelles prorusses et forces armées ukrainiennes ,à Horlivka, dans l'est du pays.

Parallèlement, des brigades pro-ukrainiennes pourraient décider de se soustraire au contrôle du gouvernement de Kiev si celui-ci devait se montrer trop conciliant. Et les dirigeants ukrainiens sont eux-mêmes divisés entre pro et antiguerre. Bref, ce conflit risque d'éclater en une myriade de sous-conflits de plus en plus incontrôlables.

Dans ce contexte, quelles sont les chances que les nouvelles négociations de Minsk aboutissent à un cessez-le-feu? Et quelles sont les chances que ce cessez-le-feu s'impose de façon durable?

Les experts ne se risquent plus à prédire l'avenir, dans ce conflit qui a fait mentir bien des projections. Mais quelques facteurs jouent en faveur d'un dénouement positif. Pour la première fois, la médiation est menée par les chefs d'État eux-mêmes, ce qui démontre le sérieux de l'exercice, souligne Dominique Arel, de l'Université d'Ottawa.

Les difficultés économiques de l'Ukraine, mais aussi de la Russie, qui souffre des sanctions et de l'effondrement des cours du pétrole, pourraient aussi inciter Moscou et Kiev à mettre de l'eau dans leur vin.

Tout comme la menace de nouvelles sanctions, brandie par Angela Merkel. Ou celle de fournir des armes à l'Ukraine, évoquée de plus en plus sérieusement à Washington.

Malgré ces puissants arguments, peu de gens prévoient que les discussions de Minsk accouchent d'une paix durable. Au mieux, les obus se tairont quelque temps. Au pire, le Donbass continuera de flamber.

***

PHOTO DOMINIQUE FAGET, AFP

Cet immeuble a été partiellement détruit par des tirs à Dokuchajevsk, à 40 km au sud de Donetsk.

Dans ce contexte, faut-il vraiment envisager d'armer l'Ukraine? Ce scénario a de plus en plus d'adeptes à Washington, tant chez les républicains que chez les démocrates. Du côté des «pour», on fait valoir que l'inaction encourage le Kremlin et favorise l'escalade du conflit. Mais les adversaires de l'armement craignent l'escalade, eux aussi, souligne Dominique Arel.

Serhiy Kudelia penche plutôt du côté du «non». Selon lui, le risque est grand que la Russie utilise le prétexte d'un éventuel armement pour lancer une véritable offensive militaire contre l'Ukraine.

«Ça enverrait aussi un mauvais message aux troupes ukrainiennes, qui en déduiraient que les États-Unis souhaitent que la guerre se poursuive», met en garde cet analyste.

Un autre expert, Mikhaïl Minakov, de l'institut Mohyla, à Kiev, est tout aussi sceptique à l'idée d'un déferlement d'armes occidentales en Ukraine. À moins que l'OTAN ne soit prête à s'engager dans une véritable guerre avec Moscou. Ce qui n'est pas le cas. Comme Vladimir Poutine le sait très bien...

Dans ce cas, un afflux d'armes occidentales n'apporterait qu'un bref avantage tactique aux Ukrainiens, croit Mikhaïl Minakov. Tout en ouvrant la porte à une réponse virulente de la part de Moscou. Et en augmentant le nombre d'armes qui circulent en Ukraine, au risque d'atterrir entre les mains d'on ne sait qui...

Le meilleur usage que l'on puisse faire de ces armes, c'est de s'en servir comme outil de persuasion auprès du Kremlin, point. En priant pour que ça marche...

PHOTO VADIM BRAYDOV, AP

Un homme blessé dans les affrontements est soigné dans un hôpital d'Horlivka, dans l'est de l'Ukraine.