Heureusement que la ministre de la Famille, Francine Charbonneau, a renoncé à son intention absurde d'imposer une pénalité financière aux parents pour les «places fantômes» dans les services de garde. Le problème n'est pas réglé pour autant: il faut s'attaquer au manque de flexibilité du réseau.

Pour le moment, la conséquence pour les enfants demeure d'ailleurs inchangée. Le projet de loi de la ministre prévoit toujours des amendes pour les services de garde qui divulgueraient des renseignements «faux et trompeurs» concernant leur clientèle.

On peut craindre que les responsables continuent de privilégier les enfants fréquentant le service cinq jours par semaine plutôt qu'à temps partiel, afin de s'éviter des démêlés avec Québec.

Le problème des «places fantômes» n'est pas nouveau. Il n'est pas rare qu'un enfant soit inscrit cinq jours, même si, dans les faits, il ne fréquente le service de garde que deux ou trois jours par semaine. Bien souvent, la place d'un poupon est aussi réservée et demeure inoccupée pendant plusieurs semaines. Le gouvernement verse une subvention, que les enfants soient présents ou non, ce qui coûte très cher.

Cet automne, le Conseil québécois des services de garde éducatifs à l'enfance a estimé qu'en milieu familial, 8000 places sont occupées «virtuellement». La Commission permanente de révision des programmes a pour sa part évalué que le gouvernement dépense 280 millions inutilement en subvention.

Les absences dues à des vacances, des jours fériés ou des congés de maladie sont normales. Ce sont les absences prolongées et régulières qui sont problématiques.

Il faut s'attaquer aux «places fantômes» et l'une des clés repose dans l'offre à temps partiel. Cette solution est préconisée depuis longtemps, mais demeure encore marginale.

Aucune mesure incitative n'est prévue pour aider les services de garde à l'offrir. Tout est question de bonne volonté.

Avec plus de ressources, les centres de la petite enfance y parviennent un peu mieux. Certains sont en mesure de trouver un enfant «miroir» pour occuper la place inoccupée par un autre enfant deux ou trois jours par semaine, par exemple.

La démarche est plus complexe pour la responsable d'un service de garde en milieu familial (RSG), qui est plus isolée. Pourquoi ne pas l'aider en impliquant davantage les bureaux coordonnateurs, qui sont responsables des RSG?

Questionnée cette semaine sur les besoins des parents et la possibilité de créer des places à temps partiel, la ministre a répondu évasivement «je nous le souhaite». Les souhaits ne sont pas suffisants. On s'attend d'un gouvernement qu'il agisse. Les mesures pour améliorer la flexibilité du réseau des services de garde se font attendre depuis trop longtemps, c'est à la ministre de dicter la direction à prendre.