Heureusement, le pire scénario ne s'est pas avéré. Les projections prévoyant que 1,4 million de personnes seraient infectées par le virus Ebola au début de la nouvelle année ne se sont pas concrétisées. L'épidémie n'est pas enrayée pour autant.

L'oubli est pourtant le danger qui nous guette. Passés les quelques moments d'effroi, à la suite de quelques cas de contamination survenus aux États-Unis cet automne, la menace est redevenue lointaine à nos esprits.

Elle est encore bien réelle en Afrique de l'Ouest. La propagation semble en déclin au Liberia et un ralentissement se dessine en Sierra Leone, mais des foyers « préoccupants » y subsistent, de même qu'en Guinée.

Quelque 20 000 cas de contamination, causant près de 7700 morts, ont été recensés; la quasi-totalité dans ces trois pays africains. C'est l'épidémie la plus longue et la plus mortelle depuis la découverte du virus, en 1976.

Le premier cas a été enregistré il y a un an, en décembre 2013. Un bambin est mort d'une fièvre hémorragique dans un coin reculé de Guinée. L'organisme Médecins sans frontières a sonné l'alarme dès le printemps, mais il a fallu attendre en août avant que l'Organisation des Nations unies (ONU) ne décrète une urgence sanitaire. La communauté internationale a ensuite mis plusieurs semaines à se mobiliser.

Sur le terrain, l'ONU s'est fixé l'objectif que 100 % des cas soient isolés et traités et que toutes les funérailles - sources de contamination - se déroulent de façon sécuritaire. La cible est loin d'être atteinte. Entre autres difficultés, le personnel médical se bute encore à l'ignorance de la population, surtout dans les régions isolées.

Trois vaccins et un médicament sont à l'essai, mais il faudra du temps avant qu'un traitement soit disponible. Les essais sur le vaccin canadien ont d'ailleurs été interrompus momentanément après que des effets secondaires - des douleurs aux articulations - eurent été constatés.

Reflet d'une certaine prise de conscience, le Time a fait des combattants d'Ebola ses personnalités de l'année. Mais le risque est grand que l'épidémie disparaisse bientôt des écrans radars, supplantée par une autre crise.

Pourtant, le travail ne fait que commencer. La Sierra Leone et le Liberia se relèvent d'une décennie de guerre civile. Leur dette est élevée et l'épidémie a affaibli leur économie. Une crise alimentaire plane. Il faudra s'occuper des orphelins; la population des 15 à 44 ans est trois fois plus à risque de contracter le virus mortel. Les infrastructures sanitaires et médicales sont déficientes. The Economist rapportait qu'à peine 11 % de la population du Liberia a accès à l'eau potable. En Sierra Leone et en Guinée, cette proportion grimpe respectivement à 25 % et à 83 %.

L'épidémie n'est pas endiguée et les conséquences se feront sentir encore longtemps. Ce n'est pas le moment de tourner le dos aux pays touchés.