Stephen Harper entamera le mois prochain sa dixième année au pouvoir tout en préparant les prochaines élections, en octobre. C'est en chantant du Guns N' Roses (ça ne s'invente pas!) que le premier ministre a célébré la fin de 2014 avec ses députés, cette semaine à Ottawa.

Le chef conservateur a de nombreuses raisons d'être de bonne humeur: son parti se maintient en bonne position dans les sondages, les surplus budgétaires (quoique moindres en raison de la baisse des prix du pétrole) préparent la voie électorale, il reste solidement en selle à la tête de ses troupes et bien peu d'histoires, même celles autour du Sénat, ont réussi à égratigner durablement sa couche de téflon.

Même les plus grossières contradictions de ce gouvernement ne «collent» pas dans la population, rendant plus ardu le travail des partis de l'opposition.

Parmi ces contradictions, le double discours des conservateurs sur le sort des militaires canadiens se voit pourtant comme le nez au milieu du visage.

On le sait, les conservateurs aiment bien rappeler l'importance des Forces armées, et les attentats d'octobre contre des soldats canadiens n'ont fait qu'amplifier le phénomène. Or ce gouvernement traite mal, très mal même, les anciens combattants.

Les anciens combattants eux-mêmes se plaignent depuis des années d'être abandonnés par leur gouvernement une fois de retour de mission ou lorsqu'ils ont besoin d'aide, soit pour un handicap, soit pour lutter contre le stress post-traumatique.

La nouveauté de 2014, c'est que le vérificateur général a donné raison aux anciens combattants dans son plus récent rapport. Fermeture de bureaux de services, compressions dans le personnel de première ligne, difficulté d'accès à certaines prestations... Bref, le gouvernement salue haut et fort la contribution de nos militaires, mais les méprise une fois qu'ils ont terminé leur mission.

Pour toute réponse aux constats du vérificateur, le ministre des Anciens Combattants, Julian Fantino, s'est abstenu de se présenter aux Communes pendant des jours et des jours...

Armes à feu et sécurité dans les communautés

La «sécurité de nos communautés» est un thème cher aux conservateurs, qui ont toujours beaucoup insisté sur la loi et l'ordre.

Paradoxal, alors, de libéraliser encore un peu plus l'achat et la circulation des armes à feu.

C'est pourtant ce qu'ils ont fait, cet automne, en proposant, notamment, de laisser aux politiciens le soin de classer les armes, une tâche normalement confiée au corps de police.

Par ailleurs, l'enregistrement des armes de chasse n'est plus obligatoire et le registre propre à cette catégorie a été «scrapé», ce dont se vantaient certains députés conservateurs, la semaine dernière, alors qu'on marquait le 25e anniversaire de la tuerie de Polytechnique.

Il faut dire, toutefois, que la tiédeur du NPD et du PLC, qui ne veulent surtout pas indisposer les chasseurs, facilite la vie de M. Harper.

Santé des femmes. Et les autochtones?

La santé des femmes est devenue le point crucial de la politique étrangère et des programmes d'aide internationale du gouvernement Harper. Difficile d'être contre cela, mais il serait bien que le gouvernement conservateur manifeste la même empathie pour les femmes autochtones du Canada, dont les conditions de vie s'apparentent dans bien des cas à celles des femmes des pays sous-développés.

Depuis des mois, le gouvernement Harper refuse de déclencher une enquête nationale sur la mort ou la disparition de centaines de femmes autochtones (plus de 1000, selon certaines sources). Une honte nationale que le gouvernement conservateur préfère ne pas regarder en face.

Au Québec, en bref

Bon texte de mon collègue du Soleil, Gilbert Lavoie, jeudi, sur le «malaise PKP».

En gros, nous raconte Gilbert, les adversaires de Pierre Karl Péladeau dans la course à la direction du PQ s'offusquent de l'immense place faite au député de Saint-Jérôme dans les médias. Ils craignent par ailleurs que celui-ci ne veuille pas débattre vraiment avec eux, question de voguer sans problème jusqu'à la victoire, en mai.

Il y a autre chose qui embête les adversaires de PKP à qui j'ai parlé récemment: ils estiment qu'il est très risqué, voire suicidaire, de critiquer ouvertement le favori tant il est aimé, adulé même, par la base militante péquiste. En particulier les militants de la première heure, qui voient en PKP la dernière chance de faire l'indépendance.

«Qui osera attaquer Pierre Karl lors des débats? demande un aspirant chef. Qui osera lui poser des questions qui dérangent, sachant que les militants le voient dans leur soupe?»

La peur de ne pas pouvoir débattre. Au PQ, ça, c'est une première!

Les débrouillards

175 000$ par année. C'est la somme que le ministère de l'Économie, de l'Innovation et des Exportations du Québec épargnera en abolissant sa subvention au magazine Les débrouillards, publication de vulgarisation scientifique destinée aux enfants.

Raison (selon ce que rapportait vendredi Le Devoir): «Économie, Innovation et Exportations Québec aurait décidé de concentrer davantage ses efforts de subvention sur la préparation de la relève en science plus âgée.»

Donc, si je comprends bien, on prépare la relève scientifique chez les ados en coupant dans les subventions destinées à l'éveil des enfants dans ce domaine.

Comme on dit dans les bus de la STM: On avance vers l'arrière!

Crétins

Voici une ligne directrice émise par Philippe Couillard à l'intention de ses ministres en juillet: «Si vous êtes pour dire quelque chose que vous pensez que moi je ne dirais pas, ne le dites pas, parce qu'à ce moment-là, vous allez vous rétracter ou je vais vous demander de vous rétracter.»

À moins que le premier ministre n'ait changé son fusil d'épaule, il faut donc conclure qu'il est d'accord avec son ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau, qui a affirmé que les maires de Laval et de Longueuil prennent leurs concitoyens pour des crétins.