Oui, le gouvernement a menti en campagne électorale en cachant son intention d'abolir le tarif unique dans les services de garde. Mais non, les femmes ne retourneront pas en masse dans les foyers, comme le prédit l'Association québécoise des centres de la petite enfance.

Le problème n'est pas là. Le réseau des services de garde n'a jamais été universel, ce qui a créé un réseau à plusieurs vitesses.

La volonté du gouvernement Couillard d'abolir le tarif unique en le modulant en fonction des revenus vise à rééquilibrer les finances publiques. C'est une décision qui est compréhensible, mais qui constitue malheureusement une taxe destinée aux jeunes familles de la classe moyenne.

Difficile de comprendre que la hausse de 7 à 9$ préconisée par les péquistes représentait un «choc tarifaire», mais que ce n'est pas le cas avec une augmentation à 12, 15 ou 20$ par jour, comme le rapportait Le Devoir.

Hausser la contribution parentale ne créera pas plus de places subventionnées et n'apportera pas de solutions pour juguler le coût croissant du programme, qui coûte 2,3 milliards.

Pendant ce temps, 12 000 places sont vacantes dans les garderies privées non subventionnées du Québec. Avec l'abolition du tarif unique, certains parents feront peut-être le calcul qu'il est aussi avantageux d'y laisser leurs enfants que d'accepter une place subventionnée. Cela donnerait un peu de stabilité à ces garderies qui sont actuellement les salles d'attente du réseau.

Pourquoi ne pas reconnaître pleinement leur apport et les convertir en places subventionnées? Dans certaines régions, cela permettrait de compléter rapidement - et à coût moindre - le développement du réseau qui a été repoussé à 2021. En plus de mettre fin aux iniquités, cette conversion uniformiserait la qualité, variable d'une installation à l'autre.

Rappelons que trois missions incombent aux services de garde: assurer le bien-être et la sécurité des enfants, stimuler leur développement et prévenir l'apparition de difficultés d'apprentissage ou de comportement à l'école.

Les garderies privées non subventionnées ont moins de ressources pour répondre à ces deux dernières missions. Contrairement aux centres de la petite enfance, elles n'ont pas droit aux subventions pour offrir de l'encadrement et du soutien pédagogique aux éducatrices. Elles n'ont pas les ressources pour embaucher des techniciennes en éducation spécialisée qui travaillent le développement langagier ou qui accompagnent un enfant avec un trouble du spectre de l'autisme. Les éducatrices sont aussi payées moins cher, si bien que les plus expérimentées se retrouvent majoritairement dans les CPE.

Des études ont prouvé que la fréquentation d'un service de garde de qualité contribue au développement de l'enfant et fait en sorte qu'il parte du bon pied une fois à l'école. Il serait temps d'uniformiser le réseau afin que chaque enfant ait réellement une place.