Si le gouvernement Couillard estime avoir encore les moyens d'offrir un «traitement spécifique» à la France, il doit s'assurer que les étudiants québécois y trouvent leur compte. Ce n'est pas le cas et il est difficile de croire que cela puisse changer.

Conclue en 1978, l'entente de réciprocité entre le Québec et la France prévoyant que les étudiants français paient les mêmes droits de scolarité que les Québécois - et vice-versa - n'est plus équitable.

Environ 12 500 Français étudient actuellement au Québec, un nombre qui a doublé depuis sept ans. Le contexte morose qui prévaut dans l'Hexagone n'y est pas étranger. Pendant ce temps, le nombre d'étudiants québécois en sol français a stagné à quelque 1000 par année.

Ici, les Français ont accès à des programmes réputés, notamment en gestion, et montrent un engouement croissant pour les établissements anglophones. Près d'un étudiant français sur trois y est inscrit, perfectionnant ainsi son anglais à moindre coût qu'ailleurs dans le monde.

En France, les étudiants québécois fréquentent les universités publiques où les amphithéâtres sont souvent bondés, les professeurs, difficilement accessibles et les laboratoires, vétustes.

Les grandes écoles, coûteuses et renommées, sont réservées à une élite qui y accède à la suite d'un long processus de sélection. Les candidats s'y préparent pendant une à trois années. Théoriquement, les étudiants québécois y ont accès. Dans les faits, ce n'est pas le cas et il sera difficile de changer la situation. Comment les Québécois pourraient-ils s'intégrer dans ce processus de sélection?

La mobilité étudiante constitue un enjeu mondial. Les universités québécoises doivent tirer leur épingle du jeu. La présence des étudiants étrangers, originaires de France ou d'ailleurs, offre un avantage économique, tant pour la pérennité des programmes (notamment en région) que pour la société en général.

Même s'il s'agit d'une minorité, certains étudiants choisiront aussi d'immigrer et un diplôme québécois leur permettra d'accéder plus rapidement au marché du travail. C'est particulièrement le cas des Français, qui partagent notre langue et notre culture.

Toutefois, au moment où les Québécois doivent se serrer la ceinture, alors que les universités font face à des compressions et que des programmes sociaux sont menacés - comme on le voit avec la fin prévisible du tarif unique dans les services de garde - il est nécessaire de réviser une entente vétuste.

Une hausse raisonnable et graduelle des droits de scolarité pour les étudiants français est justifiée. Pourquoi un Français étudierait-il au rabais alors qu'un francophone de l'Ontario ou du Nouveau-Brunswick paie le gros prix? D'autant plus que l'entente est à sens unique et qu'il sera difficile d'en faire autrement, malgré les bonnes intentions témoignées par le président François Hollande.