Mardi, le Québec a occupé une place centrale dans le discours des chefs des trois principaux partis fédéraux. À Sept-Îles, le premier ministre, Stephen Harper, a annoncé qu'Ottawa et Québec étaient sur le point de mettre en oeuvre l'Accord sur la gestion conjointe des ressources pétrolières du golfe du Saint-Laurent, une entente qui « fera du Québec une province plus prospère. »

De son côté, le chef de l'Opposition officielle, Thomas Mulcair, a dévoilé un des principaux engagements de la future plate-forme électorale du NPD, la création d'un programme national de services de garde à contribution réduite, programme ouvertement inspiré des garderies à 7 $ du Québec.

Enfin, le chef libéral, Justin Trudeau, a livré à Québec un discours de fond dans lequel il a invité les Québécois « à redevenir des partenaires actifs au sein de la fédération canadienne. »

Tout cela est de bon augure. Lorsque les conservateurs de M. Harper ont remporté une majorité des sièges à la Chambre des communes, le 2 mai 2011, avec seulement cinq députés provenant du Québec, plusieurs y ont vu la fin de l'influence du Québec à Ottawa. Puisqu'ils pouvaient former le gouvernement sans une représentation québécoise importante, pourquoi les politiciens fédéraux s'arracheraient-ils les cheveux pour satisfaire les besoins, et parfois les caprices, des électeurs de la province ?

C'était oublier que la nouvelle équation valait seulement si une formation obtenait une très forte députation dans la province la plus populeuse, l'Ontario, en plus de dominer dans les autres régions du pays. C'est ce que les conservateurs sont parvenus à faire en 2011. La conjoncture actuelle, décrite par plusieurs sondages, est fort différente. Les partis fédéraux savent que pour gagner l'an prochain, ils devront faire élire un bon nombre de députés au Québec.

Le premier ministre Harper a beau souligner, comme il l'a fait avant-hier, son « désir de respecter à la lettre l'autonomie des provinces », l'unilatéralisme de son gouvernement dans plusieurs dossiers a eu raison de la confiance que plusieurs Québécois avaient placée en lui.

Devant la Chambre de commerce et d'industrie de Québec, Justin Trudeau a invité les Canadiens à « constamment revenir à l'idée fédérale, cette idée que nous devons travailler ensemble, dans le respect des différences, pour arriver à nos objectifs communs. » Comme M. Mulcair lors de son annonce sur les garderies subventionnées, le chef libéral a plaidé en faveur d'un « vrai partenariat entre le gouvernement fédéral et les provinces ». Tous deux s'engagent, s'ils sont portés au pouvoir, à tenir chaque année une réunion avec leurs homologues provinciaux.

Telle qu'énoncée cette semaine, l'approche des libéraux et des néo-démocrates est certainement plus conforme aux voeux de la population québécoise que le fédéralisme cassant pratiqué par Stephen Harper.