Où est passé le principe d'équité en éducation? Avec la rentrée scolaire, l'ampleur des coupes dans les services aux élèves se précise et, malheureusement, elles affectent davantage les milieux défavorisés. Les besoins y sont pourtant plus criants.

Les commissions scolaires sont confrontées cette année à des compressions de 150 millions. Le ministre de l'Éducation, Yves Bolduc, a affirmé que les services aux élèves ne seraient pas touchés, mais la réalité sur le terrain s'avère différente.

C'est une chose d'augmenter le coût du transport scolaire le midi ou de la surveillance des élèves en dehors des heures de classe.

Mais c'en est une autre de réduire l'aide aux devoirs, de stopper l'embauche de professionnels dans les écoles, de cesser la distribution des berlingots de lait ou de réduire les services d'accueil et de francisation des élèves immigrants.

Ces coupes font craindre pour la réussite des jeunes et l'égalité des chances. L'importance du dépistage précoce - idéalement dès le service de garde et la maternelle - pour détecter les enfants qui risquent d'avoir des difficultés d'apprentissage n'est plus à démontrer.

On connaît également l'importance d'offrir des services à ces élèves pour éviter qu'ils ne prennent un retard impossible à combler.

Malheureusement, le fait de vivre dans un milieu défavorisé accentue le risque d'avoir des difficultés d'apprentissage.

En ce sens, la réalité montréalaise est particulière. La majorité des écoles de la métropole se classe aux pires rangs - 8, 9 et 10 sur 10 - sur l'échelle de défavorisation. La métropole compte aussi une forte présence d'élèves allophones qui ont besoin rapidement de services de francisation pour espérer s'intégrer à la société.

Pour toutes sortes de raisons, le milieu familial n'est pas toujours en mesure d'offrir aux enfants le soutien, la motivation et l'aide dont les élèves ont besoin. L'aide aux devoirs est alors, par exemple, une ressource indispensable.

Dans la même veine, les services d'un orthopédagogue aideront les élèves en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage à combler leurs lacunes en lecture, des lacunes qui ont une répercussion sur l'ensemble des apprentissages, peu importe la matière.

Tous les enfants ne commencent pas l'école avec le même bagage de connaissances. Si l'aide n'est pas disponible, cet écart ne fera que se creuser.

Un exemple: à son entrée à la maternelle, un enfant qui n'a pas été exposé aux livres compte près de 1000 heures d'exposition à la lecture de moins qu'un enfant venant d'un milieu qui privilégie la lecture.

L'idée n'est pas de désengager les parents dans l'éducation de leurs enfants, mais, collectivement, nous avons la responsabilité de nous assurer que tous les enfants commencent l'école sur un pied d'égalité. Malheureusement, ce n'est pas le cas et les coupes dans les services aux élèves ne feront qu'accentuer cet état de fait.