La ministre des Transports, Lisa Raitt, s'obstine à rejeter tout blâme dans la tragédie de Lac-Mégantic, mais il est maintenant clair que Transports Canada a fermé les yeux. Ce laxisme inacceptable doit être reconnu et corrigé.

Le Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST) - un organisme indépendant - a dévoilé mardi son rapport détaillant les événements qui ont mené à la pire catastrophe ferroviaire en 150 ans au pays. Un enchaînement de 18 facteurs est en cause.

La faible culture de sécurité émanant de la compagnie Montreal Maine&Atlantic Railway (MMA) est montrée du doigt. La formation était déficiente et la compagnie tournait les coins ronds pour faire des économies.

Mais le laxisme du fédéral est aussi prépondérant. C'est à lui qu'incombe l'ultime responsabilité d'assurer la sécurité du public. Il a failli à cette tâche.

Le gouvernement fédéral a le pouvoir d'élaborer la réglementation et la législation de façon à ce que l'industrie ferroviaire mette en place des systèmes de gestion sécuritaires. Il a aussi le devoir de s'assurer que les règles soient appliquées.

Dès 1996, le BST a prévenu Transports Canada des risques qu'un train parte à la dérive. Depuis, cela s'est produit à 120 occasions, avec un point culminant, l'accident de Lac-Mégantic. Comment se fait-il que ce risque ait perduré toutes ces années?

Même chose concernant les wagons-citernes DOT-111 qui, malgré les déficiences établies depuis longtemps, n'ont été bannis que cette année.

Le rapport note par ailleurs que la surveillance effectuée par Transports Canada a fait défaut. La MMA était dans la ligne de mire depuis longtemps et ses manquements étaient connus. L'administration centrale avait le devoir d'en être informée et de prendre les mesures qui s'imposaient.

Quant au bureau régional du Québec, on apprend qu'il était moins proactif en matière de suivi et de vérification que ceux de l'Ouest et de l'Atlantique. La situation a-t-elle changé aujourd'hui?

Les projecteurs sont braqués sur la MMA, pour cause, mais d'autres compagnies ferroviaires présentent aussi des manquements, notamment en ce qui concerne la formation. Inquiet, le BST a d'ailleurs envoyé un avis à ce sujet à la ministre Raitt la semaine dernière.

L'accident de Lac-Mégantic a forcé l'industrie et le gouvernement à adopter de nouvelles mesures pour éviter qu'une telle catastrophe ne se reproduise, même si le risque zéro n'existe pas. La ministre a aussi indiqué qu'elle donnera suite aux nouvelles recommandations du BST.

Le fédéral ne doit pas seulement s'y conformer de manière satisfaisante. Il doit démontrer aux citoyens qu'il est pleinement conscient de ses responsabilités, ce qui fait défaut présentement et qui donne des munitions à ceux qui l'accusent d'avoir été «grossièrement négligent».