De l'avis des connaisseurs, la victoire de l'Allemagne à la Coupe du monde de football n'est pas le fruit du hasard. «C'est le résultat d'un travail de 13 ans», a déclaré au quotidien Le Figaro le patron de la ligue professionnelle allemande, Christian Seifert. Le but gagnant de Mario Götze, chef-d'oeuvre de technique, est l'illustration parfaite du virage entrepris il y a 13 ans par le soccer allemand, à la suite de résultats décevants de l'équipe nationale.

«En 2000 et en 2004, le foot allemand était à terre, a expliqué le sélectionneur Joachim Löw. Il fallait former des joueurs plus techniques. La seule vertu allemande ne suffisait plus.»

Des écoles de développement ont été ouvertes partout au pays. On a exigé des 36 équipes professionnelles que chacune mette sur pied un centre de formation pour les talents prometteurs. Objectif: développer les joueurs locaux au lieu d'importer des vedettes de l'extérieur.

Après un triomphe comme celui de dimanche, il est facile de parler du «secret» derrière cette performance. Si l'Allemagne avait subi la défaite, personne n'aurait parlé des changements apportés à la formation des jeunes joueurs du pays.

Tout en se gardant de généralisations faciles, on ne peut qu'admirer cette manière qu'ont les Allemands de se relever les manches. En même temps que le monde du football mettait en place les conditions d'une renaissance, le gouvernement allemand a pris des mesures draconiennes pour sortir l'économie du marasme.

Le chancelier de l'époque, Gerhard Schröder, a lancé en 2003 une vaste réforme du marché du travail, l'Agenda 2010, visant à pousser les millions de chômeurs de l'époque vers l'emploi. Le bilan de ce programme est controversé, mais une chose est sûre, le chômage s'est résorbé et l'économie allemande est aujourd'hui l'une des plus dynamiques du monde.

L'Allemagne a su conserver une industrie manufacturière concurrentielle, maximisant son avantage dans la production de biens de grande qualité, notamment les automobiles et la machinerie. D'où des exportations qui ont tenu le coup malgré les difficultés économiques de l'Union européenne, grâce aux marchés émergents.

Revenons au football: déjà, certains annoncent un long règne des Allemands, qui seraient pratiquement imbattables lors de la prochaine Coupe du monde, en 2018. C'est aller vite. Qui avait prédit l'élimination rapide de l'Espagne, championne en 2010? Et l'effondrement de l'équipe brésilienne, qui jouait devant ses partisans?

De même, rien ne garantit la pérennité des succès économiques de l'Allemagne. Depuis quelques années, le pays voit sa population diminuer et vieillir. En 2050, le pays comptera 10 millions d'habitants de moins qu'aujourd'hui. Les jeunes dans la vingtaine seront donc de moins en moins nombreux à contribuer leur énergie et leur talent à l'économie... et au soccer allemands.