Ce n'est pas le Québec qui est le champion de la qualité de vie au sein du Canada. Il se classe même au cinquième rang des provinces, selon des données de l'Organisation de coopération et de développement économiques.

L'OCDE a mis au point, il y a trois ans, un indice du Vivre mieux, qui tente de capter la qualité de vie d'une population, dans un effort pour élargir la réflexion sur le succès d'une société. Une façon de mesurer le bonheur national et pas seulement le niveau de vie et le produit national brut.

Cette semaine, l'organisme a rendu publique une version de son indice du Vivre mieux pour les régions des pays membres. C'est une version « light », qui ne compte que huit indicateurs : le taux de diplômés du secondaire pour l'éducation, le taux de chômage, le revenu disponible des ménages, le taux d'homicides pour la sécurité, la qualité de l'air pour l'environnement, l'espérance de vie à la naissance pour la santé, la pénétration l'internet à haute vitesse pour l'accès aux services, le taux de participation électorale pour l'engagement civique.

Avec ces indicateurs, le Québec obtient une note de 60,4, sous la moyenne de 61,7 du Canada, et derrière la Colombie-Britannique qui mène avec 63,9, suivie de l'Alberta, avec 62,4, de l'Île-du-Prince-Édouard, à 62,2 - notre île paradisiaque ? - et de l'Ontario, 61,6.

Ces résultats peuvent étonner si on se souvient que deux chercheurs, Luc Godbout et Marcellin Joannis, avaient calculé l'indice du Vivre mieux pour le Québec pour 2011, en utilisant les 20 indicateurs retenus alors par l'OCDE. Le Québec faisait un tout petit peu mieux que le Canada. Et comme le Canada était alors au deuxième rang, tout juste derrière l'Australie, le Québec se serait retrouvé au premier rang mondial.

Il faut dire que, depuis, le Canada a perdu des plumes. En 2014, il est au cinquième rang mondial, devancé par l'Australie, mais aussi par les trois pays scandinaves, Danemark, Norvège et Suède.

Mais le fait que le Québec soit sous la moyenne canadienne avec le nouvel indice de l'OCDE s'explique essentiellement par le choix des indicateurs. Des éléments de la version complète qui favorisent le Québec - conciliation travail-famille, tests du PISA pour l'éducation, perception de bien-être des citoyens - ne se retrouvent pas dans la version régionale.

En outre, certains indicateurs retenus pénalisent le Québec. Par exemple, de toutes les mesures de revenu, c'est avec le revenu disponible des ménages que le Québec, à l'avant-dernier rang canadien, se classe le moins bien. Le choix de la qualité de l'air pour l'environnement pénalise les métropoles et épargne les producteurs de GES.

Ces résultats sont évidemment agaçants. On accepte le fait que l'Alberta soit beaucoup plus riche que le Québec. Mais est-ce que la qualité de vie y est vraiment meilleure ? C'est oublier les ressources énormes que cette province peut consacrer à la santé et à l'éducation. Et c'est oublier que la richesse est aussi un élément du bien-être. Pour se consoler, on peut noter que les grands États américains, à cause du régime de santé et de l'insécurité, font beaucoup moins bien, 59,7 pour le Massachusetts et 55,4 pour New York.

Ces résultats mettent en relief un autre phénomène. Le Québec, qui constitue une nation, se comporte souvent comme une nation, notamment en voulant se comparer aux autres pays. C'est donc une pratique courante au Québec de s'inclure dans des comparaisons internationales.

C'est un exercice auquel les autres provinces, pour des raisons culturelles et politiques, ne s'adonnent presque jamais. Et c'est pour cette raison que vous ne verrez sans doute pas les médias de la Colombie-Britannique proclamer qu'une étude de l'OCDE les classe au troisième rang mondial pour le bien-être, derrière l'Australie et la Norvège !