La victoire française d'hier a éloquemment illustré un phénomène que nous connaissons bien. Il débute en 2010 avec un désastre à la Coupe du monde en Afrique du Sud.

Dissension, grève, comportements disgracieux des joueurs et du sélectionneur... Les Bleus étaient au plus bas dans l'estime de leurs partisans.

Il a fallu un peu de temps, l'expulsion de grands noms, un nouveau sélectionneur, de nouveaux visages, et à Montréal, hier, comme sans doute dans toute la France, les Bleus avaient réussi à rallier leurs fans.

Nous avons vécu quelque chose de semblable. Souvenez-vous de l'époque de Pierre Gauthier, Scott Gomez et Randy Cunneyworth. Nous n'aimions plus notre équipe.

Il a fallu des changements, de nouveaux visages, à commencer par celui de Marc Bergevin, et une nouvelle génération de leaders comme Price, Subban, Gallagher, Pacioretty, Desharnais...

Et nous étions séduits de nouveau. Go, Habs, Go!

«En 2010, la France était en colère. Les joueurs se sont comportés comme des enfants gâtés et ils n'avaient aucun respect pour les maillots, pour le foot, pour le public... On ne parle pas de la nation, parce que nous ne sommes pas des patriotes.

«Personne n'aimait Raymond Domenech. Personne n'était d'accord avec ses décisions. Il consultait les astres, il était antipathique pour tout le public.

«Il a fallu du temps pour nous convaincre. Le match de qualification remporté 3-0 contre l'Ukraine a déclenché un nouvel élan. Nous aimons beaucoup cette équipe maintenant. Les jeunes joueurs sont disciplinés, ils ont un bon esprit, ils se défoncent... Nous sommes tous derrière eux.»

Sondages à l'appui. Allez, les Bleus!

Jérôme, 28 ans, fait partie des nombreux jeunes Français qui ont élu domicile à Montréal. Il a trouvé du travail dans les médias et il est satisfait de son sort.

«Les autres n'ont pas tous ma chance. Ils sont venus pour la qualité de vie et, en général, ils sont satisfaits. Il y a tout de même eu quelques déceptions. La plupart ne travaillent pas dans leur domaine.»

En fait, on les trouve surtout dans tout ce qui concerne la bouffe. Restaurants, cafés, bars, pâtisseries, boulangeries, boucheries... Les commerçants québécois identifient la France à tout ce qui se mange ou se boit.

Et la vie à Montréal?

Jérôme hésite, avant de répondre des gentillesses.

«J'aime le côté artistique des Montréalais. Les films, la musique... Ils sont bien sûr nord-américains à nos yeux, les choses sont cordiales... Les gens sont calmes. Ça ne gueule pas beaucoup ici.»

Mais encore?

«Après la première rencontre, qui est facile, arrive le protocole... Il y a toujours une distance. Il n'est pas toujours facile de se rapprocher. Certains sujets, personnels, sont tabous devant nous.

«Parfois, la concurrence entre Français et Québécois est lourde. Nous arrivons ici très enthousiastes, mais nous ne sommes pas toujours reçus de la même façon.

«J'ai de bons amis montréalais, mais il nous arrive parfois de nous faire dire de retourner en France... Il s'agit d'une minorité, mais elle existe.»

Les Bleus étaient déjà à 3-0, alors que les experts avaient prédit un match serré contre la Suisse. Une victoire suisse était possible... avant le début éclair des Français.

À 4-0, la joie débordait dans les visages et sur les trottoirs.

Dans la foule, il y avait de jeunes Français accompagnés de jeunes Québécoises et vice-versa. Des enfants de jeunes couples français portaient les trois couleurs.

Il sera intéressant de voir ce que cette vague d'immigration nous apportera. Personnellement, je suis très optimiste.

En attendant, il reste les Bleus.

Jérôme: «De gros clubs faiblissent. Plus le temps passe, plus les chances de la France augmentent.»

À suivre.

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En début de journée, le Costa Rica, un pays de quatre millions d'habitants, a encore une fois causé la surprise en battant l'Italie. Avant la Squadra Azzurra, l'Uruguay avait été vaincu par cette équipe sortie de nulle part.

Je recommande à la Fédération canadienne de soccer d'envoyer des émissaires étudier la méthode costaricaine. Et puis non, il vaudrait mieux importer des experts étrangers. Les nôtres ont prouvé depuis assez longtemps leur incompétence.

Enfin, certains fans italiens auraient aimé voir Ciro Immobile, l'attaquant mal-nommé, puisqu'il est reconnu pour sa vitesse.

Il n'est pas trop tard.

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Toutes mes excuses à nos amis algériens. Il ne s'agissait pas, cette semaine, du tout premier but marqué par leur équipe nationale en Coupe du Monde.

L'Algérie en a marqué cinq dans les années 80.

Désolé.