Il est légitime de se demander à quel point le portrait des apprentissages des élèves est juste quand l'on voit les manipulations - le ministère parlera « d'ajustements » - dans la correction des examens de fin d'année.

Le ministère de l'Éducation vient d'exiger la reprise de la correction de tous les examens de 4e année du primaire en lecture. Le taux d'échec est trop élevé. La grille de correction a été « resserrée » cette année, a-t-il justifié pour expliquer le problème.

Les résultats avaient déjà été envoyés aux élèves. Pour rassurer les parents, le ministère précise qu'aucune note ne sera revue à la baisse. Advenant le cas, le résultat initial prévaudra.

En 2012, ce sont des examens en science et en mathématique qui avaient posé problème. Avec respectivement 48 % et 65 %, les taux de réussite étaient catastrophiques.

Le programme était trop chargé, ont dit les enseignants. L'examen comportait des questions sur des notions qui n'avaient pas été abordées en classe. Des modifications aux grilles de correction ont fait grimper les taux de réussite à 70,7 % en science et à 75,3 % en mathématique.

Quant à l'examen de français en 5e secondaire, le taux de réussite qui dépasse les 90 % depuis cinq ans laisse perplexe. Avec ce résultat, la majorité des élèves maîtrise en principe les compétences suffisantes à l'obtention du diplôme d'études secondaires. Pourtant, des cours de rattrapage en français sont donnés au collégial.

Plusieurs « ajustements » expliquent les résultats. Une fois les examens corrigés, le ministère procède à une « conversion » des notes (le ministère ne parle plus de pondération), de façon à ce que le taux de réussite d'une cohorte soit semblable à celui des années passées.

Le ministère annulera par exemple une question à laquelle la majorité des élèves ont échoué ou abaissera le seuil de passage à 57 % plutôt que 60 %.

Il procède aussi à une « modération », de façon à s'assurer que les résultats sont similaires, peu importe que l'élève étudie à Montréal ou à Gaspé.

Les cibles de réussite fixées par le ministère accentuent la pression pour faire en sorte que les élèves réussissent. Le classement aux examens internationaux aussi.

Il faut également reconnaître une peur collective devant l'échec. Un taux de réussite faible dû à des exigences élevées suscite un tollé. À l'inverse, recommencer le processus de correction en raison d'un trop grand taux d'échec laisse croire à un nivellement par le bas.

Il reste que les examens ministériels devaient permettre de brosser un portrait des compétences des élèves. Les manipulations dont ils font l'objet suscitent plutôt des doutes. Comme société, que voulons-nous : que ces examens servent à évaluer les acquis des élèves ou à atteindre des objectifs de performance ?