Le Parti libéral du Québec s'est fait élire il y a deux mois en promettant de s'occuper des «vraies affaires». Espérons qu'il commencera dès aujourd'hui en dévoilant les «vrais chiffres» sur l'état des finances de la province.

Dans un rapport publié hier, le vérificateur général par intérim, Michel Samson, affirme que les deux derniers documents budgétaires du gouvernement de Pauline Marois, la mise à jour de novembre 2013 et le budget de février 2014, «présentaient une vision limitée de l'état des finances publiques». Pour des raisons politiques évidentes, le gouvernement péquiste n'a pas voulu faire connaître aux Québécois l'ampleur des mesures à prendre pour rétablir l'équilibre budgétaire. Ainsi, dans le budget de Nicolas Marceau en février, les compressions de dépenses étaient évaluées à 150 millions, alors que celles-ci s'élevaient en réalité à 3,6 milliards.

Selon M. Samson, les documents de M. Marceau étaient fondés sur des hypothèses de croissance trop optimistes. Des risques ont été ignorés ou minimisés. Et le portrait des dépenses de programmes était embrouillé par un exercice de diversion comptable: «Des dépenses à forte croissance sont maintenant comptabilisées dans d'autres secteurs, soit principalement dans des fonds spéciaux».

Voilà qui est embarrassant pour le Parti québécois. Cependant, le gouvernement Marois n'a pas inventé les manipulations budgétaires à Québec. La Presse a révélé hier que le coût total de la construction des centres hospitaliers universitaires de Montréal s'élève désormais à 7 milliards. C'est deux fois plus que ce qui avait été annoncé par le gouvernement Charest en 2006. Et c'est 1,8 milliard au-delà de l'évaluation révisée par le même gouvernement en mars 2009.

Comment expliquer cette explosion des dépenses, alors que les libéraux avaient juré sur la tête des PPP que ces projets ne comporteraient pas de mauvaises surprises? Au bureau de modernisation des CHU de Montréal, on parle de «petits ajouts aux projets au fil du temps»... Des «petits ajouts» de 1,8 milliard, dont personne n'a jugé bon aviser les contribuables.

Les tours de passe-passe comptables auxquels ont très souvent recours les décideurs, politiciens ou bureaucrates, grugent depuis des années la confiance des Québécois, si bien qu'il n'en reste pas grand-chose. Cela étant, la population se méfie quand on lui annonce, comme ça sera le cas aujourd'hui, qu'elle devra faire des sacrifices pour assainir les finances du gouvernement provincial.

Le nouveau gouvernement jouit pour l'instant d'une bonne crédibilité, fondée sur l'assurance et la franchise du premier ministre. M. Couillard jure que son gouvernement fera preuve d'une transparence exemplaire. On ne demande qu'à le croire. Premier test: le budget qui sera déposé à 16h par le ministre des Finances, Carlos Leitao.