Il n'y a pas si longtemps, souvenez-vous, nous n'aimions vraiment pas le Canadien. C'était au temps de Pierre Gauthier, de Bob Gainey et de Scott Gomez. Notre glorieuse équipe nous faisait honte, elle n'était pas aimable, elle n'était pas chaleureuse envers ses partisans.

Il a suffi de quelques nouveaux visages pour non seulement nous rassembler derrière elle, mais aussi pour ramener dans son giron des brebis perdues.

Subban, Gallagher, Galchenyuk, Eller... des jeunes et nouveaux visages nous ont fait oublier ces années noires. La semaine dernière, un vieil analyste a remercié le CH pour «le hockey le plus excitant depuis 20 ans». Il avait probablement raison.

Des jeunes et nouveaux visages ont tout changé, et très vite. Mais pas que de jeunes visages.

Nous nous sommes tout à coup sentis appréciés et respectés par Marc Bergevin, le p'tit gars de Pointe-Saint-Charles revenu après un long exil, et par Geoffrey Molson, le premier de la grande famille montréalaise à ne pas craindre les plateaux de télévision les plus risqués. Son charisme et son français impeccable nous ont convaincus que le vénérable club entrait dans une nouvelle ère, et que ce nouveau Canadien était bien ancré au Québec.

On l'a dit et répété, les dernières semaines de la saison 2013-2014 ont secoué une ville qui en avait bien besoin, une ville morose et cynique.

Le grand public boudait les institutions à cause des nids-de-poule, des ponts qui craquaient et de la corruption. Toutes les institutions, y compris le bleu-blanc-rouge.

Le synchronisme du CH était parfait. Il nous a offert une aventure dont nous avions vraiment envie, une aventure qui va bien plus loin que le sport.

À la fin du périple, nos joueurs semblaient épuisés. Subban et Markov, nos leaders, étaient vidés. Carey Price était à l'infirmerie. On leur en avait demandé beaucoup au cours des 10 mois précédents, et ils nous avaient surpris. Nous avons même applaudi très fort une totale recrue devant notre filet, Dustin Tokarski. Nous y croyions encore, nous étions prêts à les suivre jusqu'en juin.

Nos p'tits gars ont encore des croûtes à manger, mais j'ai l'impression que le CH nous prépare de belles années.

Vous n'avez pas hâte à la prochaine saison?