Québec lorgne les surplus des centres de la petite enfance pour boucler son budget. Une mesure qui permettrait de dénicher des millions rapidement, mais qui s'avère simpliste.

Seule une réorganisation assurera la pérennité du réseau. Le processus peut sembler fastidieux, mais il doit être entrepris.

Dans la foulée des compressions imposées aux CPE l'an dernier et qui avaient soulevé un tollé, un chantier de travail a réuni des experts ainsi que des représentants du ministère et du milieu.

Leur rapport démontre que dans son ensemble, les CPE dégagent des surplus de 178 millions, soit 12% de leur budget d'exploitation. Ce n'est pas énorme si l'on considère que chacun des services de garde doit prévoir un fonds de roulement et un fonds de prévoyance.

Le problème vient des disparités. La situation s'est dégradée à la suite de la réforme des services de garde en milieu familial, en 2005.

Près d'un CPE sur cinq dégage des surplus importants. Une proportion équivalente se retrouve plutôt en déficit d'année en année.

La masse salariale représente 80% du budget. Un CPE réunissant des éducatrices expérimentées et payées au maximum de l'échelle salariale reçoit la même subvention qu'un autre où les éducatrices commencent leur carrière.

Il en reste peu pour acheter du nouveau matériel et développer des programmes éducatifs, créant des inégalités entre les services de garde.

Des avenues prometteuses sont proposées dans le rapport. Le regroupement de CPE de petite taille en milieu urbain dégagerait des économies, notamment sur le plan administratif. Des achats regroupés et une gestion en commun sont aussi des idées à considérer.

Il est par ailleurs étonnant de constater que les bureaux coordonnateurs, qui s'occupent essentiellement des places en milieu familial et qui ne gèrent pas d'installations, ont des surplus accumulés de 33 millions. C'est la moitié de leur budget d'exploitation.

Les économies dégagées avec la réorganisation permettraient en partie de financer le développement du réseau, de façon à atteindre les 250 000 places visées.

En ce sens, le guichet unique d'inscription pour les parents, dont la mise en place débute lundi et qui sera totalement accessible à la fin de 2015, permettra enfin d'avoir un portrait réel des besoins et de confirmer le nombre de places nécessaires. L'objectif est en effet basé sur une estimation.

Malheureusement, dans le dossier des CPE, on n'entend parler que de tarification et de surplus à récupérer. Le gouvernement Couillard se retranche derrière les futures commissions sur la fiscalité et la révision des programmes avant de prendre une décision.

Pourtant, une grande part du travail est déjà fait. Des solutions existent. Les parents doivent contribuer à l'effort budgétaire, mais le gouvernement et les CPE doivent aussi donner un coup d'épaule.