Les députés du NPD de la Montérégie ont consacré la journée de samedi à faire signer une pétition contre l'implantation d'un péage sur le nouveau pont Champlain. « Les Montréalais et les gens de la Rive-Sud n'ont pas à payer », affirme le député néodémocrate de Brossard-La Prairie, Hoang Mai.

Le NPD n'est pas le seul à s'opposer au plan de financement du pont. Québec et les municipalités et entreprises de la région sont eux aussi contre le péage sur le futur ouvrage. Le gouvernement de Stephen Harper est donc isolé dans ce dossier. C'est pourtant lui qui a raison.

Selon l'estimation « très préliminaire et conservatrice » de la firme PricewaterhouseCoopers, la construction du nouveau pont coûtera entre 3 et 5 milliards. Le gouvernement fédéral versera une « importante contribution initiale », a assuré le ministre responsable, Denis Lebel. Les usagers ne paieront donc, par la voie du péage, qu'une partie de la somme.

« Les familles n'ont pas à payer », rétorque le NPD. Or, qu'Ottawa recule ou non, les familles paieront. Il s'agit de savoir lesquelles : les travaux seront-ils financés par l'ensemble des contribuables du pays ou les usagers seront-ils appelés à faire une contribution spécifique ?

Ceux qui voudraient que le gouvernement canadien paie toute la facture soulignent que l'ouvrage est d'importance nationale. Il est vrai que beaucoup de camions empruntent le pont Champlain pour livrer des biens ailleurs au pays et aux États-Unis. Cependant, la très grande majorité des usagers sont des automobilistes qui habitent la Rive-Sud et travaillent sur l'île. Il serait injuste que les contribuables d'un océan à l'autre assument tout l'investissement requis pour un pont qu'ils n'utiliseront jamais. D'autant plus que le fédéral verse chaque année au Québec plusieurs milliards de plus que ce qu'il y prélève. À noter que le nouveau pont entre Windsor et Detroit, dont l'importance pour l'économie du pays est considérable, sera financé par un péage.

Élus et gens d'affaires craignent qu'un péage sur le pont Champlain 2 n'aggrave la congestion sur les autres liens entre la Rive-Sud et l'île. Si cela arrive, ça sera leur faute et non celle du fédéral. Au lieu de mener ce combat populiste et d'arrière-garde, les opposants devraient lancer une étude approfondie sur la mise en place d'un système de péage régional, tel que l'avait proposé la Ville de Montréal il y a quelques années. En effet, le recours à cette forme de taxation pour l'ensemble du réseau routier supérieur - en vertu du principe de l'utilisateur-payeur - s'impose pour des raisons écologiques autant que financières.

L'implantation d'un tel système requiert réflexion et planification. C'est à cette préparation que devraient se consacrer les dirigeants municipaux et provinciaux à compter de maintenant. Ce serait, en tout cas, une attitude bien plus responsable que le barrage actuel.