On ne cesse de le comparer à Nicolas Sarkozy. Et, de fait, tout rapproche les deux hommes. Il s'agit de Manuel Valls, nouveau premier ministre de la France, précipitamment désigné par François Hollande après la débâcle du Parti socialiste aux élections municipales de dimanche.

Il était ministre de l'Intérieur, comme Sarkozy, et s'appliquait alors à être partout, tout le temps: on l'a surnommé le «ministre de l'actualité» ! Il est apprécié par la population, comme l'était l'autre au début, à ceci près que Valls est presque également populaire chez les électeurs de gauche et de droite, alors que l'ex-président récoltait 85% de ses appuis à droite.

Là où Valls l'est le moins, c'est chez les apparatchiks de son propre parti! Comme Sarkozy encore, Valls est l'homme de l'«ordre républicain», en effet, ce qui s'accorde mal avec une gauche des bons sentiments dont les Français se lassent vite lorsque la situation économique, sociale, sécuritaire, est perçue comme se dégradant.

Les municipales de dimanche? Elles ont précisément livré ce message.

***

Ce qui frappe, c'est évidemment la progression de la droite en général et du Front national en particulier.

Le parti que Marine Le Pen s'occupe depuis des années à «dédiaboliser» a investi la mairie d'une douzaine de villes (plus celle du 7e secteur de Marseille, 150 000 âmes, ce qui a son importance) en obtenant 8,7% des suffrages exprimés au second tour. Cette statistique montre un électorat qui demeure marginal, mais n'en représente pas moins 20 fois le résultat obtenu au second tour des municipales de 2008!

En réalité, la droite républicaine, elle, n'a pas progressé en termes de pourcentage des voix exprimées. Ses victoires, y compris dans des villes comme Toulouse ou Limoges qui votaient à gauche depuis un siècle, elle les doit à l'effondrement de la gauche. Un échec notamment dû au fait que les électeurs marqués socialistes sont restés à la maison: le taux d'abstention a atteint plus de 43% chez ceux qui ont voté François Hollande en 2012.

Maintenant, comment celui-ci va-t-il se dépêtrer dans un environnement qui, de la désillusion tranquille de la gauche jusqu'aux grouillantes «Manifs pour tous» marquées à droite, est devenu pour lui un véritable champ de bataille où il est l'assailli? Gouverner n'est nulle part facile, certes, mais ça l'est probablement encore moins en France. Là où la «rue» réclame à la fois le statu quo et le changement, la préservation scrupuleuse des acquis et les bénéfices de la nouvelle économie.

La passation des pouvoirs de Jean-Marc Ayrault à Manuel Valls s'est effectuée, hier, et on devrait connaître aujourd'hui la composition du gouvernement. Sans doute cela donnera-t-il des indications sur la stratégie qui sera déployée sur le champ de bataille où, depuis deux ans, les socialistes ne font qu'encaisser les coups portés de tous les côtés.