Le Parti québécois a diffusé la semaine dernière une publicité sur le thème «Un vote pour le Parti québécois, c'est un vote pour la Charte». En conférence de presse, le ministre responsable, Bernard Drainville, a soutenu que les libéraux de Philippe Couillard voulaient «déchirer la Charte». Autrement dit, votez PQ et vous aurez une charte, votez pour un autre parti et il n'y aura pas de charte. Il s'agit là d'un argument simpliste.

En ce qui a trait à la neutralité de l'État et aux accommodements religieux, les électeurs n'ont pas à choisir entre la charte du PQ et pas de charte du tout. En fait, les trois partis de l'opposition appuient la plupart des mesures contenues dans le projet de loi 60.

Comme le gouvernement Marois, le PLQ, la CAQ et Québec solidaire veulent enchâsser la neutralité de l'État dans la Charte des droits et libertés de la personne. Les trois veulent que les accommodements religieux soient balisés par un texte de loi. Les balises proposées sont en gros les mêmes que celles envisagées par le ministre Drainville. Par exemple, un accommodement ne doit pas aller à l'encontre de l'égalité des hommes et des femmes. Il ne doit pas non plus imposer de contraintes excessives à l'établissement concerné.

Comme le gouvernement péquiste, libéraux, caquistes et solidaires feraient en sorte que les employés du secteur public exercent leurs fonctions à visage découvert. De même, les citoyens recevant un service du gouvernement ne pourraient pas porter un vêtement cachant leur figure.

Les partis politiques diffèrent d'avis sur une seule question, mais elle est cruciale: faut-il empêcher les employés du secteur public d'arborer un signe religieux ostentatoire? C'est cette partie-là de la charte du PQ qui sera soit modifiée, soit abandonnée, si le Parti québécois ne gagne pas une majorité de sièges.

Dans l'éventualité où le Parti libéral de M. Couillard l'emporte, l'idée d'interdire le port de signes religieux sera mise au rancard. Si la CAQ de François Legault est appelée à former le gouvernement, cette proscription s'imposera seulement aux enseignants du primaire et du secondaire et aux représentants de l'État en position d'autorité (juges, procureurs, policiers, etc.). De son côté, Québec solidaire retrancherait les enseignants de cette liste.

Donc, quel que soit le parti porté au pouvoir le 7 avril:

- la neutralité de l'État sera affirmée dans la Charte des droits et libertés;

- les accommodements religieux seront balisés;

- les services publics seront donnés et reçus à visage découvert.

Pour ce qui est du port des signes religieux par les travailleurs du secteur public, les électeurs ont le choix entre la prohibition mise de l'avant par le PQ et les positions des autres partis, à notre avis plus respectueuses des droits fondamentaux des Québécois.