Montréal est une ville relativement pauvre, dont la performance économique est inférieure à celles des autres villes auxquelles elle pourrait se comparer. C'est une des choses que nous a rappelées un nouveau rapport sur l'avenir de la métropole, Créer un nouvel élan à Montréal.

Certains chiffres de cette étude, produite par BMO Groupe financier et le Boston Consulting Group, ont frappé l'imagination. Entre 1998 et 2012, le PIB a augmenté nettement moins vite à Montréal que dans les autres grandes villes canadiennes: 75% à Calgary, 63% à Edmonton, 56% à Vancouver, 55% à Ottawa, 46% à Toronto et 37% à Montréal. Même chose pour le revenu disponible: 110% à Calgary, 112% à Edmonton, 73% à Vancouver, 81% à Ottawa, 61% à Toronto et 51% à Montréal. En janvier, le taux de chômage montréalais, à 8,0%, dépassait nettement ceux de Calgary, 4,7%, Edmonton, 5,5%, et Vancouver 6,4%, quoiqu'il était inférieur au 8,4% de Toronto.

Mais si on fait le même exercice pour les provinces où se situent ces villes, on arrive grosso modo aux mêmes résultats. Le taux de chômage québécois, 7,5%, est nettement plus élevé que celui de l'Alberta, 4,6%, et de la Colombie-Britannique, 6,4%, mais égal à celui de l'Ontario qui ne s'est pas remise de la crise. Le revenu disponible au Québec est le plus bas de toutes les provinces, sauf l'Île-du-Prince-Édouard. Et son PIB a crû nettement moins vite que celui des provinces de l'Ouest.

Qu'est-ce qui ne va pas? Est-ce l'absence de dynamisme de Montréal qui empêche l'économie québécoise dans son ensemble de faire mieux? Ou est-ce les retards économiques du Québec qui freinent la métropole? On a un problème d'oeuf et de poule. Si je pose la question, ce n'est pas pour le plaisir de lancer un débat statistique, mais pour bien identifier les causes de nos problèmes.

Il est vrai que Montréal ne joue pas le rôle de locomotive qu'une métropole est censée jouer. À 27 703$, son revenu personnel est à peine plus élevé que celui de la province (26 708$). Un écart de seulement 4% qui montre que la métropole n'est pas plus dynamique que la province. Le chômage est plus élevé à Montréal qu'au Québec, 8,0% contre 7,5%, ce qui est une anomalie.

Mais on sait que le Québec dans son ensemble n'a pas trouvé la recette magique pour augmenter son niveau de vie, pour stimuler l'investissement, améliorer la productivité et travailler aux déterminants du succès économique, comme l'éducation. C'est ce qui explique d'abord la sous-performance de Montréal.

À cela s'ajoutent des façons de faire qui nuisent à la métropole. On sait que le succès de Montréal n'est pas une grande priorité pour les gouvernements québécois. Mais en plus, plusieurs politiques québécoises conçues pour l'ensemble du territoire peuvent avoir des effets négatifs sur la métropole.

C'est le cas, par exemple, des politiques fiscales qui affecteront plus les capitaux étrangers et les individus dont le point de chute est davantage la métropole. Ou encore de mesures comme le quasi-gel des droits de scolarité qui pénalise plus les grandes universités de recherche. Ou les politiques identitaires - langue et maintenant charte des valeurs - qui ont plus d'impact sur la métropole et sa diversité démographique.

Cela justifie que la métropole déploie des efforts pour assurer son essor, comme le propose Jacques Ménard, président pour le Québec de BMO Groupe financier, qu'elle dispose de plus d'autonomie, qu'elle améliore sa gouvernance, qu'elle se dote d'une stratégie. Mais on ne remettra pas Montréal sur les rails si on ne relève pas toute l'économie du Québec.