La pluie de vendredi dernier et le temps doux de samedi avaient chassé presque toute la glace du bassin du Vieux-Montréal. Nous allions donc assister à une course de canots à glace sur l'eau.

Ça n'a pas trop déboussolé les membres de l'équipe Le Soleil-Château Frontenac-North Country. Avec un tel nom, vous savez qu'ils viennent de Québec et j'ajouterais qu'ils feraient mieux d'être bons.

Ils le sont. L'an dernier, ils ont remporté les six courses de ce circuit unique au Québec, dont celle de Montréal. Certains de leurs rameurs font du canot à glace de père en fils.

Quelques minutes avant le départ, deux des rameurs relaxaient auprès de leur embarcation.

«On a fait le tracé ce matin. Il y a environ 10% de surface glacée. L'an dernier, c'était 50-50. À Québec ou Portneuf, c'est souvent 90% de glace et 10% d'eau.»

Celui qui parlait est pompier à Québec. Éric Desroches a 33 ans et une carrure de pionnier.

Son coéquipier Michel Lessard est ingénieur. Il a 54 ans et pratique ce sport extrême depuis 28 ans.

«Dommage. Ça sera une course sur l'eau comme on pourrait en faire une en été. C'est plate pour les rameurs et pour les spectateurs. Ce qui est beau à voir, c'est surtout notre combat avec les blocs de glace. Aujourd'hui, ce serait une journée facile s'il n'y avait pas de vent. Mais le vent est très fort.»

Nos deux amis québécois se sont abstenus de nous dire que nous n'avions pas un vrai hiver, mais un hiver de pee-wee. Merci, les gars.

Mais je sens qu'ils y ont pensé.

L'équipage Le Soleil-Château Frontenac-North Country avait perdu ses deux courses précédentes, ce qui faisait jaser dans le petit monde des canots à glace. Assistons-nous à la fin d'une dynastie?

«C'est une malédiction. Des blessures, des grippes à répétition, nous dit Lessard. Dieu est contre nous. On va faire ce qu'on peut aujourd'hui.»

Il restait du temps avant de départ pour souhaiter bonne chance aux Draveurs de Montréal, la seule équipe de notre ville sur la trentaine inscrite.

Ce sont des étudiants masculins et féminins de l'Université de Montréal qui font partie d'un club d'aviron. Ils en étaient à leur troisième course sur le fleuve. Les Draveurs avaient terminé en dernière place chaque fois.

«On a ciré notre canot, ça devrait aller» me dit Brendan Martin, le grand rigolo du groupe.

Leur canot, justement... Il était affreux au milieu des barques colorées et impeccables des autres concurrents. Un tacot qu'ils ont payé 2500 $, qui a 15 ans et qui perd des vis en cours de route.

Le canot noir des Draveurs cadrait tellement mal dans le décor ambiant qu'un concurrent s'est approché de Brendan.

«J'ai un canot à vendre 3000 $. Il est bien mieux que ce que vous avez. Je connais le gars qui a bâti votre canot. On lui avait dit qu'il s'y prenait mal. Il a coulé et tout son équipage est revenu à la nage...»

Brendan lui a donné rendez-vous après la course et tout ce beau monde est parti. Ils se sont beaucoup battus avec les courants et les vents forts. Ils avançaient souvent de côté ou de reculons. Une vraie bagarre...

Des centaines de personnes s'entassaient sur les rives du fleuve, elles étaient près des canots qui passaient et cet événement, qui en est à sa deuxième édition à Montréal après 25 ans d'absence, s'est déjà attiré une joyeuse clientèle.

À la fin de la journée, dans la catégorie élite hommes, qui étaient les grands vainqueurs?

Le canot à glace - celui-là vaut 20 000 $ - Le Soleil-Château Frontenac-North Face. Nos félicitations à Michel Lessard, Éric Desroches, Jean Anderson, David Laroche et Mathieu Grenier.

Et les Draveurs, demandez-vous? Derniers.

«Mais par moins loin que dans les autres courses», précise Brendan Martin, qui semblait satisfait de sa journée.

«Maintenant, on se met à la recherche de commanditaires. On a besoin d'un meilleur canot. J'ai appris en même temps que vous que celui-là avait déjà coulé. Il est maudit.»

Je te recommande de t'adresser à La Presse, Brendan. Pour concurrencer Le Soleil.

On ne sait jamais.

Hommage à la Lettonie!

Le Canada peut aller travailler ce matin sans déprime. On a gagné et on est tellement fiers, n'est-ce pas? Personnellement, j'aurais aimé que la Lettonie nous batte, pour nous ramener sur terre.

Trop de fierté me tombe sur les nerfs.

Surtout quand on a gagné sa médaille dans une brasserie.

Et puis je ne veux pas vous faire de peine, mais si j'avais été l'entraîneur du Canada, je n'aurais pas utilisé P.K. Subban.

Notre star n'est pas du niveau de ceux qui jouaient. Cette défense était intraitable et le bon P.K. a encore des croûtes à manger pour en arriver là.

Il aurait essayé de déjouer quelques joueurs et perdu la rondelle. Ça marche (parfois) contre les Blue Jackets ou les Predators, mais pas aux JO.

Dans les derniers jours, j'ai bien rigolé avec Charle Cournoyer, le patineur de courte piste, étudiant à l'UQAM, qui a remporté une médaille à ses premiers JO.

Une bonne bouille et un rire contagieux.

On a voulu lui faire dire que c'était une énorme surprise. Il a dit qu'il ne pensait pas remporter de médaille, puis il s'est repris. «J'y pensais un peu quand même...»

Enfin, le dernier mot olympique à la jeune bénévole russe interviewée à la cérémonie de clôture: «Je suis fière. Le monde entier a vu que nous ne sommes pas des communistes alcooliques.»

Bien parlé, mademoiselle.

Elle a bien étudié son histoire, celle-là.