Finalement, les Jeux de Sotchi seront peut-être ceux qui vont assurer pour de bon l'avenir du hockey olympique féminin. Les pays européens ont montré une nette amélioration et les deux matchs présentés hier, autant Suisse-Suède que Canada-É.-U., ont offert des spectacles renversants.

En ronde de qualifications, les matchs ont été plus serrés que jamais avec les équipes suisse, finlandaise, russe et suédoise. Nous avions l'habitude de voir des affrontements à un sens, avec des résultats parfois gênants.

On reproche toujours au hockey olympique féminin d'être un duel à deux équipes, Canada et États-Unis, mais c'est de moins en moins le cas. Rien n'est coulé dans le béton, mais le tournoi de Sotchi plaide haut et fort pour sa présence.

«Nous avons eu vraiment peur à une époque.»

Celle qui parle, Lisa-Marie Breton-Lebreux, a fondé la ligue professionnelle nord-américaine de hockey féminin en 2007 ainsi que les Stars de Montréal. Elle a aussi été capitaine des Stars, avant de céder son «C», «pour préparer [sa] retraite à la fin de la saison». «Je veux me retirer avec cinq Coupes», dit-elle.

«Lorsque le hockey olympique a été menacé, Hockey-Canada et Hockey-USA ont envoyé des entraîneurs et des programmes de formation dans les autres pays. Certaines joueuses y sont allées pour faire la promotion du sport. On en voit les résultats aujourd'hui.»

***

Nous étions environ 150 hier au vieux bar sportif Champs du boulevard Saint-Laurent, avec les joueuses des Stars de Montréal, leurs amis et leur famille. Les Stars venaient encourager cinq de leurs coéquipières, six si l'on compte Julie Chu de l'équipe américaine, qui réside à Montréal.

Il y avait beaucoup de chandails Ouellette-13 dans la salle. Et parmi ces Ouellette-13, une grande fille brune était particulièrement nerveuse. Nadine Ouellette tenait à voir ce qui pourrait être le dernier match olympique de sa soeur, Caroline.

«Le match de finale olympique, c'est comme une affaire de vie et de mort chaque fois. Mes parents sont tous les deux à Sotchi.»

L'ambiance était tendue quand les Américaines ont pris les devants 2-0. Et il y avait de quoi vous fendre les tympans lorsque la salle n'était pas d'accord avec l'arbitrage ou un contact violent.

Lorsque les Canadiennes ont marqué deux fois en troisième période, le toit du Champs a failli sauter et les passants sur le trottoir ont dû se demander ce qui se passait.

Anne-Sophie Bettez, des Stars, a été désignée meilleure recrue de l'équipe l'an dernier, un exploit déjà accompli chez les Martlets de l'Université McGill.

Après un séjour dans le programme olympique canadien, Anne-Sophie se concentre sur les Stars et son métier de conseillère financière chez Group Investors. L'athlète de Sept-Îles expliquait ainsi une rivalité aussi imprévisible entre le Canada et les États-Unis.

«Tous les matchs sont serrés et ce n'est pas surprenant. Ces deux équipes grandissent ensemble. Elles apprennent l'une de l'autre et progressent au même rythme. Elles ont été ensemble dans une classe à part pendant plusieurs années et elles sont toujours de même force», affirme-t-elle.

Et quel duel encore hier ! C'était le neuvième match entre les deux formations cette année. Avant celui d'hier, elles étaient à égalité avec quatre victoires et quatre défaites... Jusqu'à ce que Marie-Philip Poulin, une super Beauceronne qui étudie à l'Université de Boston, règle la question.

En matinée, j'ai vu les Suissesses surmonter un retard de deux buts pour vaincre la Suède et remporter la médaille de bronze. Encore là, tout s'est joué en fin de troisième période.

Qu'on ne me dise pas que le hockey féminin n'a pas sa place aux JO.