Ni feux d'artifice ni armes de destruction massive dans le budget - sans doute préélectoral - présenté hier par le ministre des Finances, Nicolas Marceau. On doit se réjouir de ce que le gouvernement n'ait pas ouvert les vannes; l'état des finances publiques ne le permettait pas. De toute façon, des dépenses importantes avaient été annoncées, l'automne dernier, lors du lancement de la politique Priorité emploi.

Les quelques nouvelles mesures annoncées sont ciblées et peu coûteuses. Pour le reste, le gouvernement garde son objectif de revenir à l'équilibre budgétaire en 2015-2016. Afin d'y arriver, le budget prévoit une augmentation modeste des dépenses consolidées de quelque 2% par année pour trois ans (2014-2015 à 2016-2017), la moitié de la hausse enregistrée cette année. Comment Québec y arrivera-t-il?

Le budget donne peu d'informations à ce sujet. On sait qu'en 2014-2015, les deux plus gros postes de dépenses du gouvernement, la santé et l'éducation, croîtront de 3%. Les autres ministères verront leurs dépenses comprimées (-0,8%). Dans le cas de la santé, l'essentiel de l'augmentation ira à la rémunération des médecins; les établissements subiront vraisemblablement des coupes importantes.

Avare de détails sur les réductions de dépenses requises, le ministre des Finances a quand même levé un coin de voile sur les avenues envisagées. Le gouvernement souhaite que les prochaines conventions collectives prévoient une «rémunération responsable» pour les employées du secteur public. Des pourparlers seront aussi amorcés avec les médecins, dont la rémunération a augmenté de 8,9% par année depuis cinq ans. Des négociations difficiles s'annoncent.

Autre voie à l'étude: le gouvernement envisage de diminuer le nombre de commissions scolaires. Il croit que des regroupements généreraient des économies d'échelle de 125 millions. Cependant, l'expérience des fusions municipales ne porte pas à l'optimisme à cet égard.

Nous applaudissons la décision du gouvernement d'augmenter le tarif des services de garde, gelé à 7$ depuis 10 ans. La part des coûts financée par les parents, qui était de 20% en 1997, n'est plus que de 13%. La contribution parentale passera à 8$ l'automne prochain, à 9$ l'automne suivant, et sera ensuite indexée. Enfin, on se débarrasse de ce gel insensé.

L'opposition libérale accuse le gouvernement de «cacher les compressions à la population». Le PLQ a raison, mais, quel que soit le parti victorieux à l'issue des prochaines élections, il fera face à la même impasse. Aussi, tous les partis, pas seulement le Parti québécois, ont le devoir de dire aux Québécois comment ils s'y prendront pour équilibrer le budget de la province et réduire la dette.

Le piètre état des finances publiques ne fait sans doute pas un thème électoral aussi mobilisateur que la prétendue «menace intégriste» pesant sur le Québec. C'est pourtant un problème réel, celui-là. Réel, grave et urgent.