Depuis quelques jours, nous entendons parler de fierté comme jamais. Nous sommes aux Jeux olympiques, nous gagnons des médailles chaque jour et nous sommes tellement fiers. Fiers d'être Canadiens tout à coup, d'être Québécois encore. Nos athlètes versent des larmes, leurs parents sont fiers, leurs matantes sont fières, leurs commanditaires se frottent les mains, tout le village est fier...

On frise presque la surdose, mais ça fait du bien, n'est-ce pas? C'est bon de se péter les bretelles de temps en temps en plein mois de février. Et Sidney Crosby n'est même pas arrivé sur nos écrans.

Nos amis de Radio-Canada n'ont pas perdu leurs habitudes. Beaucoup d'analyses, beaucoup de têtes qui parlent, et pas assez d'images. C'est notre petite faiblesse à nous. On aime s'entendre parler.

Pour l'action, il faut zapper sur les Américains, qui ne parlent que des athlètes américains, mais qui présentent beaucoup d'images. Ce qui ne nous empêche pas d'être fiers de Radio-Canada.

Personnellement, je préfère voyager dans les Jeux olympiques. J'aime bien les patineurs longue piste néerlandais, les vrais Vikings que sont les Norvégiens, les biathloniennes slovaques qui s'effondrent après l'épreuve et qui ont du mal à retrouver leur souffle.

En voyant le biathlon, je me disais que nous avions jadis une championne et qu'elle devrait normalement être analyste à Sotchi. Je parle de Myriam Bédard, bien sûr, dont nous avons été très fiers, à une époque. Une grande athlète.

Je me demande bien ce qu'elle est devenue.

Pour l'attitude

Dans cet univers nerveux et stressé des Jeux olympiques, il faut se laisser séduire par les athlètes des nouveaux sports, les planchistes de slopes, aux dernières nouvelles, puisqu'ils changent souvent de nom.

Ces jeunes casse-cous ne se gênent pas pour dire qu'ils ne se sentent pas très olympiques, pas très Pierre de Coubertin. Ils sont là «entre [eux], comme d'habitude, pour voir qui est le meilleur».

Ils font des grimaces et des conneries sur le podium, ils s'amusent alors que les autres tentent de se convaincre qu'ils s'amusent. Mais les autres ont beaucoup de pression sur les épaules. La fierté et tout...

Shaun White était le roi des casse-cous et demeure un personnage qui faisait sourire pour les bonnes raisons. Il semble qu'il ne soit plus le maître. Nos p'tits gars le défient. À suivre.

Chez les athlètes canadiens, je suis dans le fan-club de la fille au look d'enfer qui pousse le bobsleigh, Kaillie Humphries.

Celle-là semble s'amuser aussi. Go, Kaillie, go!

Congé

Et puis ça nous fera du bien d'avoir un congé de CH pour voir du beau hockey sur une grande patinoire. Les experts canadiens favorisent le Canada. Très original. Même Dany Dubé, mon analyste préféré. Mais il a déjà fait partie de l'équipe olympique canadienne. Son coeur n'est pas libre...

Notez que sur les grandes patinoires, ni les Canadiens ni les Américains n'ont encore trouvé de solutions à leurs problèmes. En fait, si la LNH se convertissait aux grandes patinoires, ce qui serait une saprée bonne idée, la moitié des joueurs actuels ne pourraient pas jouer. Il faut savoir patiner.

Et puis Ovechkin, Malkin, Markov et compagnie, ces grands enfants de la mère Russie, seront très motivés. Il fut un temps où les hockeyeurs russes fuyaient l'Union soviétique en pleine nuit. De nos jours, ils s'ennuient de leur grande et blanche patrie, de leur maman, de leur manière de vivre... Il s'agit d'un beau progrès.

Enfin, il vaudrait mieux faire le plein de fierté, parce qu'après les Jeux, il y a une possibilité qu'aucune ville canadienne ne participe aux séries éliminatoires de la LNH.

Au Québec, on s'en fout un peu, mais dans le ROC, ça serait le drame, la grande humiliation.