Les gens de HBO étaient au Centre Bell, hier. Des messieurs gentils, de bons vendeurs, qui ont baragouiné quelques mots de français. Ils présenteront le combat entre Lucian Bute et Jean Pascal, deux anciens champions du monde, comme attraction principale de leur gala de samedi.

Un honneur et un privilège pour Montréal et le Québec, ont dit les gens de notre boxe, sauf que les visiteurs ne sont pas là pour nous faire plaisir. Il n'y a pas beaucoup d'endroits dans le monde qui produisent autant de champions et qui vendent plus de 20 000 billets pour une soirée de boxe.

Les visiteurs étaient là parce que Montréal est un acteur incontournable du monde de la boxe nord-américaine et qu'il est bon d'entretenir de bonnes relations avec un milieu aussi dynamique.

On s'est donc échangé de belles politesses, mais je peux vous assurer que lorsque leur équipe technique arrive, nous, les médias locaux, les trouvons beaucoup moins sympathiques. Ils prennent toute la place et s'attendent à ce qu'on s'enlève de leur chemin, qu'on se tasse pour faire place à leur équipement et à leur personnel. Ils se comportent comme des conquérants, arrogants et jamais satisfaits, ils se plaignent, ils en demandent toujours plus.

Ainsi vont les relations avec ce gros voisin qui se demande encore et toujours pourquoi personne ne l'aime...

Mais hier, c'était la journée des échanges cordiaux lors d'une très solennelle conférence de presse tenue sur la patinoire même du Centre Bell, cette patinoire qui sera envahie par des fans de boxe qui vont payer près de 1000 $, dans certains cas, pour les meilleures places.

Sachez que pour un gala de boxe, la salle contient plus de sièges que pour un match de hockey et que les promoteurs Jean Bédard et Yvon Michel rêvent d'un record d'assistance, quelque chose au-dessus de 21 700 personnes.

La cérémonie s'est bien déroulée, avec le clan Bute très digne, avec Lucian habillé comme un prince, d'un côté. De l'autre, Jean Pascal en rappeur, accompagné de son clan. Et, dans son clan, l'amateur de boxe que je suis était heureux de voir Roy Jones Jr, l'un des plus grands de l'histoire de la boxe.

Comme la plupart des grands sportifs, surtout ceux des sports violents, Roy Jones Jr est très sympathique et sans prétention. Le rencontrer et bavarder avec lui est l'un des privilèges de notre métier. (Je n'oublierai jamais quelques heures passées avec Sugar Ray Leonard il y a quelques années. Lui aussi était très agréable.)

Tout allait bien, donc, lorsque notre Jean Pascal national et son entraîneur, Marc Ramsay, décident de réchauffer l'ambiance.

D'abord Ramsay, qui a reproché à Stéphan Larouche, l'entraîneur de Bute, son «manque de professionnalisme et de classe» pour avoir tenté de déstabiliser son homme, une pratique pourtant courante dans le milieu.

Ramsay a terminé en disant: «Tu vaux mieux que ça, Stéphan», et il y a eu un silence gêné dans la salle.

Pascal, qui s'était «promis de ne pas parler», n'a pu s'en empêcher, bien sûr. Il a défié Lucian Bute, un peu comme dans la cour d'école à 12 ans.

«Si Bute a des couilles, il va se lever et venir me dire dans ma face qu'il va me fermer la gueule. Je ne suis pas un animal, j'ai une bouche, pas une gueule. Bute m'a manqué de respect.»

Encore là, silence lourd, pendant que Pascal insistait.

Bute allait-il se lever et se battre en costume et cravate? D'autres l'auraient fait. Mad Dog Vachon, par exemple, aurait tout cassé dans le Centre Bell.

Mais ni Larouche ni Bute ne sont entrés dans le jeu de leurs rivaux.

Après les discours, ils ont dit des choses respectueuses, en évitant de commenter le comportement des deux autres. On réglera tout ça samedi vers 23h30. Il est temps que le combat ait lieu.

Absurde

Bref coup d'oeil sur le match Canadien-Devils de mardi. Qui est-ce qu'on voyait sur la glace? George Parros.

On dirait qu'il veut devenir le premier hockeyeur à mourir devant nous en direct. Il prétend que sa dernière commotion cérébrale en était une toute petite et que tout va bien. Y a-t-il un médecin dans la salle?

J'ai eu le temps de remarquer de nouveau le coup de patin laborieux, les gestes malhabiles. Le CH traînait de l'arrière 1-3, et je me suis demandé ce que Parros faisait sur la patinoire. Michel Therrien comptait-il sur lui pour égaler le score? Il n'y avait pas de rudesse dans l'air, alors pourquoi Parros?

Il n'a pas eu à jeter les gants ce soir-là, et j'étais un peu soulagé.

Décidément, le hockey de la LNH est de plus en plus bizarre, pour ne pas dire absurde.