L'année qui vient sera importante pour les mouvements indépendantistes dans le monde, notamment pour les souverainistes québécois. En effet, deux régions de pays développés et démocratiques, l'Écosse (Royaume-Uni) et la Catalogne (Espagne) tiendront l'automne prochain un référendum sur leur éventuelle séparation de l'ensemble auquel elles appartiennent.

Malgré les différences importantes entre les trois nations, on peut prévoir que souverainistes et fédéralistes d'ici interpréteront les résultats de manière à avancer leur propre cause. Pourtant, ce ne sont pas ces résultats, quels qu'ils soient, qui auront le plus grand impact sur l'avenir du mouvement indépendantiste québécois. Ce sont plutôt les précédents établis cette année dans les cas écossais et catalans qui changent la donne pour un éventuel troisième référendum sur l'indépendance du Québec.

En premier lieu, le libellé de la question qui sera posée aux Écossais et aux Catalans. Dans les deux cas, la question est d'une grande simplicité si on la compare à celles de 1980 et 1995. Par exemple, en Écosse, la question se lit: «L'Écosse devrait-elle être un pays indépendant? Oui. Non.» Dans l'avenir, le Parti québécois aura beaucoup de mal à justifier à la face du monde un libellé plus complexe que celui-là.

En second lieu, les modalités du référendum écossais - notamment la question et la majorité nécessaire - ont fait l'objet de négociations et d'un accord formel entre Édimbourg et Londres. Le gouvernement anglais n'a accepté la majorité simple (50% + 1) qu'en échange de garanties sur la clarté de la question.

La situation en Catalogne est différente, puisque Madrid veut empêcher la tenue du référendum, inconstitutionnel à ses yeux. Néanmoins, il faut noter que le parti au pouvoir en Catalogne a conclu une entente sur la date de la consultation et sur le texte de la question avec des partis régionaux opposés à l'indépendance.

Tout cela fait suite à l'exigence posée par l'Union européenne au gouvernement indépendantiste du Monténégro, en 2005, selon laquelle les règles du référendum devaient faire l'objet d'une entente avec le camp du NON. Cette position de l'UE et les précédents écossais et catalan confrontent les souverainistes québécois à des exigences nouvelles du point de vue de la légitimité internationale d'une troisième consultation populaire. D'ailleurs, le premier ministre catalan, Artur Mas, a applaudi l'entente conclue par Édimbourg et Londres, estimant qu'il s'agit d'«un exemple au niveau international».

Ces nouvelles normes ayant été établies, la communauté internationale ne verrait sans doute pas d'un bon oeil un référendum sur l'indépendance du Québec dont les modalités auraient été déterminées par les seuls indépendantistes, sans l'accord du gouvernement du gouvernement central (comme en Écosse), ni même des partis d'opposition à l'Assemblée nationale (comme en Catalogne).