Voilà une très bonne nouvelle. Après des années de débats politiques acerbes, l'Assemblée nationale a adopté une nouvelle loi sur les mines. Une loi qui, sans être parfaite, semble réussir à concilier la logique du développement des ressources naturelles, le respect des populations et les exigences de l'environnement.

Cet heureux revirement a failli passer inaperçu, noyé dans un désolant cirque parlementaire, parce que la ministre des Ressources naturelles, Mme Martine Ouellette, qui avait choisi de modifier de façon importante son projet de loi initial pour le rendre plus acceptable, a voulu faire approuver cette nouvelle mouture à toute vapeur.

Ce recours à la procédure du bâillon a provoqué une réaction féroce de l'opposition officielle libérale, ce qui a mené à une surenchère partisane d'une rare inélégance. Le débat était surréaliste, quand on sait que les libéraux, au pouvoir, avaient souvent utilisé cette procédure, que le dossier des mines avait été largement analysé et débattu, et surtout que les libéraux ont finalement voté en faveur de cette nouvelle loi quelques heures après avoir déchiré leur chemise.

L'adoption de la loi 70 est une bonne nouvelle parce qu'enfin, le Québec se dote d'un encadrement légal qui reflète le fait que nous sommes maintenant au XXIe siècle, qu'il faut tenir compte de réalités comme l'environnement, la participation citoyenne et la qualité de la vie. Mais aussi parce que cela met fin à une période d'incertitude extrêmement dommageable où il était impossible pour le monde minier de deviner dans quel environnement il se retrouverait. En ce sens, l'idée d'adopter cette loi le plus rapidement possible envoyait un message sain.

C'est surtout une bonne nouvelle parce que Mme Ouellet a fait des concessions importantes, grâce à l'intervention de la CAQ, qui a négocié avec le gouvernement péquiste pour trouver un terrain d'entente. On a retiré du projet les éléments qui faisaient tiquer, notamment le droit de véto que se réservait la ministre sur des projets, l'assujettissement des petits projets au processus d'approbation du BAPE, l'obligation pour les promoteurs de produire une étude de faisabilité sur la transformation, l'introduction d'enchères pour l'obtention de claims, qui aurait eu pour effet de pénaliser les entreprises d'exploration québécoises au profit des multinationales.

La loi 70 est donc un compromis, qui semble tenir son pari, car elle a été accueillie - sans enthousiasme, mais avec soulagement - tout autant par l'industrie que par le monde environnemental. Un compromis acceptable pour l'Association minière du Québec, et un progrès pour la coalition Pour que le Québec ait meilleure mine !, déçue des concessions du gouvernement, mais heureuse du chemin parcouru.

Je ne suis pas un partisan inconditionnel des consensus, qui sont souvent une forme de manger mou, mais dans ce cas précis, le consensus reflète un équilibre entre des objectifs opposés, à la fois une balise au développement et un outil de réconciliation pour redonner à l'activité minière l'acceptabilité sociale dont elle a besoin.

Le fait que les péquistes, les libéraux et les caquistes aient voté pour la loi 70 est également un très bon signe - seul Québec solidaire s'y est opposé, mais pour dénoncer le bâillon. Cette unanimité est une bonne chose parce qu'elle assure la pérennité de la nouvelle loi. On cessera enfin de jouer au yoyo.

Mais il y a toujours une épée de Damoclès, la ministre Ouellet elle-même, une militante écologiste, hostile au développement minier, aussi à l'aise dans sa fonction qu'une végétarienne qui serait chef dans un steakhouse. On ne sait pas si l'esprit d'ouverture de la loi 70 reflète une évolution de sa pensée ou s'il s'agit d'un virage qui lui a été imposé. Cela pourra faire une différence pour la suite des choses, car la qualité d'une loi dépend beaucoup de la façon dont on l'applique.