Comme c'est devenu la norme, la 19e conférence internationale sur les changements climatiques est arrivée à un accord à l'arraché après plusieurs heures de pourparlers frénétiques. L'entente est survenue quand les diplomates ont trouvé des mots assez vagues pour recouvrir le gouffre séparant les parties.

L'enjeu, on le sait, est de taille. Il s'agit de parvenir à un accord international qui succédera au Protocole de Kyoto et engagera tous les pays de la planète à agir pour freiner le réchauffement climatique. Il y a deux ans, les participants s'étaient engagés à conclure un nouveau traité d'ici la 21e conférence, qui aura lieu à Paris en décembre 2015.

Réunis depuis deux semaines à Varsovie, les représentants de 195 pays espéraient s'entendre sur un calendrier concernant, entre autres, la publication de cibles nationales pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Les pourparlers ont achoppé sur un vieux problème: les pays en développement, notamment la Chine et l'Inde, exigent que, comme c'était le cas sous le Protocole de Kyoto, les pays «pauvres» ne soient pas légalement tenus d'atteindre des objectifs précis. C'est aux pays développés, disent-ils, d'assumer le gros du fardeau. Les négociateurs ont donc biffé le mot «engagements» pour le remplacer par le moins exigeant «contributions».

Pourtant, on ne peut pas ignorer le fait qu'aujourd'hui, la Chine est le principal émetteur de GES (23% du total mondial, contre 15% pour les États-Unis et 2% pour le Canada). Quant à l'Inde, elle émet presque deux fois plus de GES que le Japon. Si ces pays n'acceptent pas de prendre des engagements contraignants, il n'y aura pas d'entente à Paris.

L'autre sujet de désaccord porte sur les milliards que les pays riches doivent verser aux pays pauvres pour les aider à réduire leurs émissions, à s'adapter aux effets des changements climatiques et à surmonter les catastrophes naturelles provoquées par ces mêmes changements. Sur ce dernier point, particulièrement sensible après le passage du typhon Haiyan, les pays en voie de développement demandaient la mise en place d'une institution spécifique; les pays développés ne voulaient rien savoir. On a fini par annoncer la création d'un «mécanisme» ...

Il est heureux que la pression fut assez forte pour amener les pays à s'entendre. Par contre, il saute aux yeux que la route menant de Varsovie à Paris sera semée d'embûches.

Le gouvernement du Canada a peu fait parler de lui à Varsovie. À force d'incompétence et de mauvaise foi, le gouvernement Harper semble aujourd'hui marginalisé. Cela n'a pas empêché la ministre responsable, Leona Aglukkaq, de déclarer: «Le Canada joue un rôle de chef de file dans l'effort international de lutte contre les changements climatiques.» Tant qu'à dire de telles niaiseries, Mme Aglukkaq aurait mieux fait de ne pas se rendre à Varsovie.