Sébastien Lavallière est une des rares personnes avec qui j'aime prendre du temps pour bavarder de hockey. Quand Sébastien analyse le Canadien, je note ses observations.

Cet ancien joueur des Saguenéens de Chicoutimi voit beaucoup de choses dans un match, jusque dans les détails qui passent inaperçus aux yeux de la majorité des amateurs de hockey. Je me dis que ses fils ont bien de la chance d'avoir un papa entraîneur aussi compétent.

Et pourtant, pendant ses quatre années à Chicoutimi (1987 à 1990) - plus une année chez les défunts Lynx de Saint-Jean -, Sébastien Lavallière, un costaud, était avant tout le tough de l'équipe, selon le terme qu'il choisit d'utiliser (Les gars comme lui n'aiment pas le mot goon, et on les comprend).

À la nomination de Craig Berube, un ancien bagarreur, à la barre des Flyers de Philadelphie, j'ai pensé à Sébastien. Daniel Brière a décrit Berube comme un entraîneur intelligent et un fin analyste de hockey.

Alors, Sébastien, comment expliquer que de nombreux bagarreurs deviennent entraîneurs dans la Ligue nationale et ailleurs?

Je l'ai rencontré au bistro-bar Rachel Rachel, un des trois établissements qu'il possède dans le Plateau Mont-Royal et à Rosemont.

«Sérieusement, le fait de passer beaucoup de temps sur le banc y est pour quelque chose... On est toujours près de l'entraîneur et on le voit travailler. On apprend. Et puis si on n'est pas sur le banc des joueurs, on est sur le banc des punitions. On a le temps de tout observer.

«C'est un peu pareil pour les gardiens. De leur position, ils sont bien placés pour voir le jeu se déployer. Ils voient des choses que les autres joueurs ne voient pas et ils font souvent de bons entraîneurs.

«Et puis dans le hockey d'aujourd'hui, il faut savoir parler aux joueurs. Le tough est souvent aimé de ses coéquipiers. Il les défend, mais il est aussi un leader, un boute-en-train, le gars qui sait détendre l'atmosphère. C'est un membre populaire de l'équipe.

«Ian Laperrière est un bel exemple. Marc Bergevin aussi, qui n'était pas un bagarreur ni un joueur-vedette, mais qui a joué pendant 20 ans dans la LNH parce que ses coéquipiers le considéraient comme un leader et le respectaient.

«Avec les réseaux sociaux, tous les joueurs peuvent communiquer chaque jour, après chaque match, entre adversaires, entre amis qui sont éloignés. Ils ont souvent le même agent, ils s'entraînent ensemble pendant l'été. Tout se sait rapidement dans le milieu.

«L'ambiance a changé et l'entraîneur doit s'adapter. Il faut savoir communiquer comme il faut dans ce contexte.

«Et puis les toughs n'ont pas gagné beaucoup d'argent, alors ils doivent continuer à travailler. Ils sont souvent adjoints ou entraîneurs dans les ligues mineures, et un jour, ils réapparaissent dans la Ligue nationale.

«Ils ont appris sur le tas, pendant de nombreuses années, à étudier le hockey. Wayne Gretzky ne pourra jamais enseigner à ses joueurs comment faire une passe soulevée du revers entre six patins et directement sur la palette d'un coéquipier. Il le faisait sans savoir comment. Les toughs ont dû travailler fort toute leur vie pour un poste.»

Sébastien a trois fils de 21, 14 et 12 ans. Les deux derniers sont hockeyeurs, mais cette année, papa n'est plus leur entraîneur.

«Ils ont atteint le niveau élite, AA et AAA, et la fédération interdit à un parent de diriger ses enfants dans le hockey élite. C'est une excellente idée, je suis tout à fait d'accord. Ça évite des conflits.

«Je pourrais prendre une autre équipe, j'y ai pensé, mais il faudrait que je néglige mes deux jeunes. Ils adorent le hockey, alors ma femme et moi faisons le taxi. Cinq entraînements et deux matchs par semaine chacun. Et puis deux entraînements de plus, à l'extérieur, en hiver. Ça prend tout notre temps.»

Le monde du hockey vient peut-être de perdre un homme qui a bien des choses à enseigner.

Calendrier mystère

Vous avez été nombreux à me contacter à propos des petits calendriers pliants du Canadien que je n'arrive toujours pas à trouver.

D'abord, un gentil monsieur de Molson Coors a proposé de m'en envoyer une caisse. Il m'a appris qu'il y avait eu un problème de production et qu'il y aurait bientôt des calendriers partout. Il a terminé en écrivant: «La tradition continue!»

C'était presque patriotique.

Et puis vous aussi, amis lecteurs, avez demandé mon adresse pour m'en envoyer un. Ce sont surtout les banlieusards et les gens aux confins de la ville qui les ont. Pas nous au centre.

J'ai reçu plusieurs tuyaux: «Les garages Shell... Une station d'essence, De Lorimier et Maisonneuve, à la droite de la caisse... Un dépanneur à Repentigny... Un autre sur la Rive-Sud...»

J'ai aussi rassuré un monsieur qui craignait de voir sa collection - il dit avoir toute la série - s'arrêter à 2012. La tradition continue...

Vous m'avez raconté de belles histoires, comme vous le faites souvent, des histoires d'enfant et de calendrier, de calendrier des Expos...

Vous êtes tellement aimables.