C'était une sorte de test. Or, si tant est qu'on puisse évaluer correctement une conversation dont la substance n'est que très partiellement connue, les négociations initiales sur le nucléaire iranien ont été fructueuses. Elles ont dépassé le niveau des principes et se sont engagées dans les labyrinthiques considérations techniques, a-t-il été révélé.

Première épreuve réussie, donc. Ce qui, même en étant circonspect, laisse croire à un dégel véritable dans les relations entre Téhéran et Washington, entrées en glaciation il y a plus de trois décennies.

C'est à Genève au cours des deux derniers jours que s'est engagé ce face-à-face entre l'Iran et les cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (États-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne) plus l'Allemagne.

Un second round est prévu pour le début de novembre.

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On sait ce qui a changé la donne.

Un, le signal d'ouverture donné par Barack Obama dès le début de son premier mandat et récemment réitéré à l'intention spécifique du peuple iranien. Deux, l'élection en août dernier d'Hassan Rouhani - vu comme modéré, versé dans le dossier nucléaire - à la présidence iranienne et l'appui prudent du tout-puissant Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, à un changement de politique. Trois, l'incontournable principe de réalité: les Perses étouffent sous les sanctions imposées depuis 2006 par l'ONU, les États-Unis et l'Union européenne, sanctions qui ruinent à la fois les échanges pétroliers, l'accès aux devises fortes, la balance commerciale, le développement, les affaires, la consommation.

Comme on le sait, ce double changement de cap se concrétisait, il y a trois semaines, par un échange téléphonique de 15 minutes entre Obama et Rouhani.

Hier, dans une courte déclaration commune, l'Iran et les «5+1» affirmaient travailler dorénavant sur une proposition iranienne, certainement axée sur le droit de la nation perse à l'atome civil et qui est en réalité une contre-proposition aux demandes occidentales. C'est-à-dire, pour l'essentiel: limitation à 20% (au-delà duquel se situe le combustible militaire) du niveau d'enrichissement de l'uranium; limitation des stocks de matière fissile; protocole efficace de vérification internationale.

Le ministre iranien des Affaires extérieures, Mohammad Javad Zarif, a décrit cette besogne comme étant «le début d'une phase nouvelle dans nos relations», susceptible de résoudre «une crise inutile». C'est un langage auquel ce dossier ne nous avait pas habitués...

La montagne reste à gravir? Évidemment. Mais la perspective ouverte est considérable.

«Si une entente devait être conclue, l'inclusion de 75 millions d'Iraniens dans la communauté économique mondiale constituerait l'événement le plus important depuis l'implosion du bloc de l'Est», dit (à CNN) Fariborz Ghadar, ex-ministre iranien, spécialiste en macroéconomie et professeur à la Penn State University.