Damas, Téhéran, Moscou... Les relations complexes et antagonistes que Washington entretient avec ces capitales se transforment-elles? La politique étrangère des États-Unis est-elle en train de prendre de facto un virage qui atténuera sa fonction de police universelle, essentiellement militaire, au profit d'une diplomatie plus besogneuse et plus souple?

On est porté à la croire à le suite de l'entente entre les États-Unis et la Russie dans le dossier des armes chimiques syriennes, rapidement suivie d'un dégel - tout relatif, mais quand même - des relations avec l'Iran.

Tout cela n'est ni facile, ni certain, ni toujours populaire en Amérique même où, comme en politique intérieure, Barack Obama est toujours présumé coupable d'autoritarisme ou de pusillanimité, selon les cas. Mais, en matière de relations internationales, on ne voit pas comment on pourrait lui reprocher de croire davantage à la négociation qu'au recours aux armes.

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Certes, la question de savoir s'il fallait de toute urgence user de la force contre le régime de Bachar al-Assad a été déchirante.

Or, le point d'arrivée de ce débat a été la conclusion d'une entente entre Washington et Moscou, jeudi, sur le libellé d'une résolution destinée au Conseil de sécurité de l'ONU. Cette résolution est sibylline, ce qui n'étonne pas. Elle n'exclut pas l'usage de la force, mais ne la commande pas non plus, en cas de défaut du régime syrien de renoncer à ses armes chimiques.

Vladimir Poutine est-il parvenu à saisir le gros bout du bâton, ce que la droite américaine a amèrement reproché au président des États-Unis? Mais si c'est le cas, pourquoi n'était-ce pas sage de laisser de la corde au plénipotentiaire russe, au risque qu'il s'y pende, lui qui est bien davantage impliqué dans - et sali par - le gâchis syrien que ne l'est Barack Obama?

Même chose en ce qui concerne la nouvelle approche de la Maison-Blanche vis-à-vis le monde musulman en général, définie lors du discours du Caire, en 2009. Et vis-à-vis l'Iran en particulier, initiée la même année par une communication du président au peuple perse.

À l'ONU, un subtil ballet de corridor a failli conduire à une poignée de main hautement symbolique entre Barack Obama et Hassan Rouhani. Ce qui a résulté in extremis, hier, en une conversation téléphonique entre les deux hommes. Si tant est qu'il faudra un jour ou l'autre dénouer 35 ans d'hostilité, l'alignement des planètes est bien réel. Le président Rouhani, nouvellement élu, est un homme intelligent qui connaît l'Occident et dit être prêt au compromis. À cause des sanctions, l'économie iranienne est à bout de souffle. Bref, le principe de réalité commence à s'imposer.

Bien sûr, il ne faut pas être naïf face à l'Iran. Mais d'une part, on peut compter sur Israël pour le rappeler. Et d'autre part, comme on l'a dit en des circonstances fort différentes, l'ouverture offre en ce cas précis un... beau risque.