Il y a des événements dont on se souvient longtemps - même d'où on se trouvait lorsqu'il s'est produit. Un pays entier avait cessé toute activité pour regarder, pendant 10 secondes, Ben Johnson courir dans la finale du 100 mètres olympique.

J'étais affecté à la couverture du Canadien à l'époque, et à l'entraînement de ceux qu'on appelait encore les Glorieux, on ne parlait que de Ben Johnson. Je me souviens de l'intérêt que portaient Claude Lemieux et Guy Carbonneau à l'affaire. J'avais appris que Carbo avait beaucoup pratiqué l'athlétisme pendant sa jeunesse sur la Côte-Nord, et je m'étais dit que si, dans ce pays fou de hockey, les meilleurs athlètes mâles n'étaient pas tous sur des patinoires, nous aurions des champions dans plusieurs sports.

Vingt-cinq ans plus tard, les choses ont un peu changé. Le hockey n'avale plus tout à fait les sportifs les plus talentueux, les Québécois gagnent dans d'autres disciplines, et c'est très bien ainsi.

Mais à l'époque... Ben Johnson était passé de Canadien à Jamaïcain immigré au Canada en quelques minutes, après le test positif. Comme quoi l'intégration des nouveaux arrivants cache toujours un côté sombre, hier comme aujourd'hui.

Nous avons appris plus tard que les autres coureurs se moquaient de Johnson, qui était soudainement passé de 175 à 230 livres en l'espace de quelques mois. C'était une petite boule de muscles qui avait remporté la médaille d'or à Séoul... Les autres coureurs lui en voulaient un peu, parce qu'il présentait une mauvaise image de l'athlétisme. Nous avons appris plus tard que les autres se dopaient aussi, mais plus discrètement.

Ben Johnson, lui, était tout sauf discret, et personne dans le monde de l'athlétisme n'a été surpris lorsqu'il s'est fait coincer. Le reste de sa vie n'a pas été discret non plus. Il est devenu entraîneur personnel - le comble - et s'est associé à un des fils Kadhafi à une époque...

Notre collègue Michel Marois l'a rencontré récemment. Alors, explique-nous encore une fois, Ben...

Comment les choses se seraient-elles passé si l'épisode Ben Johnson s'était produit 25 ans plus tard, en 2013? On aurait probablement réagi avec un énorme bof...

Après Lance Armstrong et autres Barry Bonds, les dopés font maintenant partie de notre univers sportif.

Suspense à Québec

«Le Rouge et Or sait gagner», avait dit Danny Maciocia avant d'amener ses Carabins à Québec. Ses adversaires lui ont donné raison dimanche.

Après un match serré jusque dans les dernières secondes, les Bleus auront moins de mal à digérer cette défaite que d'autres. On s'attendait à un massacre, on a eu droit à un suspense.

L'attaque montréalaise, privée de huit de ses joueurs partants, n'a produit aucun point dans le match de 16-9. Elle a également commis des revirements aux mauvais moments. Quelques jeunes Carabins ont appris à la dure, dimanche.

Ce qui a laissé la défense montréalaise sur le terrain pendant de longs moments. Sa performance n'est rien de moins qu'héroïque. Menée par Mathieu Girard et Byron Archambeault, la défense a permis aux visiteurs de demeurer dans le match. Avec deux minutes à jouer, le score était de 10-9. La 60e victoire consécutive à domicile a été ardue pour le Rouge et Or.

Le groupe d'entraîneurs montréalais, mené par Maciocia, avait bien préparé ses joueurs pour l'un des grands défis du football universitaire canadien, et il a presque réalisé la surprise de la saison.

Un match excitant, donc, mais pas toujours bien joué. On a déjà vu le Rouge et Or beaucoup plus efficace que dimanche.

Il reste que le dernier match de la saison, Québec à Montréal, est déjà un rendez-vous à mettre à son horaire. Nous avons vu dimanche deux équipes de même niveau.

Notes: le stade du Peps de l'Université Laval porte le nom d'un commanditaire, Telus. C'est vous dire comment cette organisation fonctionne de manière professionnelle. Nos stades, l'olympique et le McGill, ont gardé leur vieux nom. C'est plus joli, mais moins payant...

À titre de téléspectateurs, il faut se réjouir du retour à l'écran du coloré collègue Serge Vleminckx. La SRC a osé et elle a bien fait. Les matchs de football universitaires ont d'ailleurs toujours offert un spectacle de qualité...

Vous vous souvenez de Serge, il avait fait du mini-putt un sport majeur au Québec. Je crois qu'il s'agissait d'un phénomène unique au monde. Serge lui-même est d'ailleurs unique. Je vous le recommande pour passer du bon temps...