Il fallait au moins arriver à temps pour distinguer David Veilleux dans le peloton, hier, au Grand Prix de Montréal, avant qu'il n'abandonne, et l'applaudir très fort.

Il s'agissait de ses derniers coups de pédales de compétition, et si le garçon a réalisé une première québécoise au Tour de France, il faut aussi reconnaître une belle tête quand on en a une devant nous.

Bravo pour l'exemple sportif, David Veilleux, mais aussi pour la façon de mener ta vie. Je ne suis pas inquiet pour la suite.

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La particularité de la Coupe du monde de cyclisme est d'offrir les meilleurs au monde dans leur discipline, avec beaucoup de couleurs, dans un beau décor, avec des coups d'oeil spectaculaires - gratuitement.

Serge Arsenault nous dit qu'il y a de plus en plus de connaisseurs de cyclisme international à Québec et à Montréal, des jeunes qui portent le maillot d'une équipe et qui connaissent les noms des coureurs, mais il y avait aussi hier des promeneurs du dimanche qui n'avaient qu'à s'approcher pour assister au spectacle.

Mes collègues connaisseurs étaient unanimes pour déclarer cette course excitante - ce n'est pas toujours le cas -, avec des attaques et des combats tactiques.

Croyons-les sur parole.

Pour le reste, l'affaire dure cinq heures et plus, alors vous avez le temps de prendre vos aises, de pique-niquer dans l'herbe, de discuter des grands sujets du monde, comme l'humeur de Carey Price ou la performance de la nouvelle Shandy.

Et si c'est un peu long, vous voyez les athlètes passer toutes les 10 minutes - il y avait dans le parc Jeanne-Mance, peut-être le plus sportif en ville, des matchs de tennis, de soccer, de balle molle, de frisbee, de volleyball...

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L'étape montréalaise a ses charmes: elle se déroule dans la verdure, avec de longues côtes et de longs plats. Plus agréable pour les coureurs que celle de Québec, avec ses montées et descentes très abruptes dans de vieilles rues pittoresques, bonnes pour le coup d'oeil, mais «casse-jambes», comme disent ceux qui grimpent et qui plongent.

Et puis, on a grignoté en apprenant que les cyclistes mangent du mou avant la course, pour favoriser la digestion, mais qu'ils peuvent manger ce qu'ils veulent et autant qu'ils le désirent après la course, puisqu'ils sont aussi maigres que leurs vélos.

On a aussi eu le temps d'écouter la télé dans la tente de presse, et les animateurs, des enthousiastes du vélo, nous disaient que les étapes de Québec et de Montréal étaient devenues de GRANDES étapes de la Coupe du monde, que les cyclistes étaient très heureux de venir chez nous, qu'ils nous aiment beaucoup, que nous sommes des connaisseurs et les gens les plus accueillants du monde.

À les entendre, le mont Royal sera bientôt trop petit pour accueillir les foules toujours grandissantes.

On entend les mêmes flatteries chauvines lors du Grand Prix, du tournoi de tennis Uniprix et dans tous les événements internationaux de passage chez nous.

Reprenons plus modestement: les étapes de Québec et de Montréal de la Coupe du monde de cyclisme sont maintenant bien établies et respectées, elles sont des étapes comme les autres, il y a d'autres beaux endroits et des gens accueillants ailleurs dans le circuit.

Les coureurs font leur travail, ils nous disent de belles choses, mais leur préoccupation première est la suite de la course, de leur saison, de leur carrière...

Pas besoin d'en mettre plus.

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Difficile d'évaluer la foule, mais on parle de dizaines de milliers de personnes étalées le long du parcours.

Des politiciens nous ont parlé à la fin de la journée des inévitables retombées économiques, mais ils ne donnent jamais de chiffres. Les politiciens aussi font leur travail.