Le Grand Antonio est décédé en septembre 2003, il y a exactement 10 ans. Je ne l'aurais pas su si des gens de l'arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie ne me l'avaient pas rappelé.

Ils veulent célébrer l'anniversaire, ce qui est très gentil pour Antonio qui a vécu une existence extraordinaire, dans un corps extraordinaire, et qui a laissé des souvenirs tenaces un peu partout, même au Dunkin' Donuts du coin.

Je croyais Antonio oublié à jamais. Je me trompais.

Dans le cadre des Journées de la culture, les 27, 28 et 29 septembre prochains, trois expositions reliées se tiendront dans l'arrondissement, à la nouvelle galerie 777 de la rue Bellechasse, au café L'Armoise à glace, qui offre le sandwich Grand Antonio, rue Saint-Hubert, et à la Société d'histoire Rosemont-Petite-Patrie, rue Masson. Un travail d'équipe.

Il semble que le gros monsieur barbu et sensible, pas méchant du tout, ait marqué les esprits de ce coin de ville où il est décédé paisiblement, un après-midi, sur un banc dans le Provigo de la rue Beaubien.

Ça me rappelle Antonio, de connivence avec le chauffeur d'autobus de la 18 Beaubien, tirant le véhicule pour divertir les nombreux écoliers qui sortaient de classe. Antonio était un peu un Louis Cyr urbain, avec accommodements raisonnables et tout. Et, comme Louis Cyr, il était un génial promoteur de ses exploits.

Pourquoi pas une exposition? Antonio, qui était aussi artiste et chanteur, a déjà exposé ses collages et autres créations à la prestigieuse galerie Fonderie Darling du centre-ville.

Des photos, des vidéos et divers artéfacts seront présentés au public. Des personnalités, dont le sculpteur Armand Vaillancourt qui a été son ami, seront au vernissage à la galerie 777 (16h30) le 27.

Nous pourrons tenter d'éclaircir les détails de sa vie, qu'il s'efforçait de garder mystérieuse en racontant plusieurs versions différentes. Nous revisiterons la carrière, du Japon au Madison Square Garden, d'Antonio Barichievich. On le reverra au Ed Sullivan Show et à l'émission de Johnny Carson; dans quatre films, dont La guerre du feu; on l'entendra interpréter des chansons romantiques sur l'esplanade du Stade olympique qui le fascinait et qui lui ressemblait. Gros, solide et un peu triste...

Le travail est en marche et si vous avez des objets ou souvenirs, faites-le savoir à Isabelle Trudeau, au (514) 992-2040 ou sur un des deux sites Facebook, Antonio Barichievich et Grand Antonio.

L'occasion sera belle de relancer le projet de statue dans le quartier, une statue qu'Armand Vaillancourt avait offerte gratuitement à la Ville de Montréal et qui avait été refusée.

Il y aura également une chasse au trésor impliquant les trois expositions. Vous pourrez essayer ses bottes géantes, soulever son énorme chaîne...

Bref, un peu de folie, en souvenir d'un personnage à qui la folie et la marginalité ne faisaient pas peur.

Play ball?

Pendant la petite fièvre du baseball qui a fait trembler Montréal la semaine dernière, nous avons rêvé d'un retour des ligues majeures. Deux matchs préparatoires des Blue Jays de Toronto et c'était reparti. Pourtant, il n'y a aucun lien entre les deux événements. Juste un petit espoir ravivé.

Pour revenir sur terre, appuyons plutôt le projet de club de la Ligue Can-Am, qui fonctionne bien à Québec et à Trois-Rivières. Il y a des gens qui travaillent fort chez nous.

Un vrai amateur de baseball aime le jeu lent, les réflecteurs dans la nuit, l'odeur du gazon et le son du bâton qui claque la balle. Majeur ou mineur, le baseball est ce qu'il est.

Je suggère le nom des Expos si jamais le projet se concrétise.

Le petit point rouge

Si vous vous promenez dans le quartier Parc-Extension - ce que vous ne faites jamais -, vous pourriez être servi par une dame indienne avec un petit point rouge au milieu du front.

Devriez-vous vous sentir menacé par ce petit point rouge? Devriez-vous vous laisser examiner par cette dame si elle est médecin? Devriez-vous craindre pour notre patrimoine et notre vivre ensemble, comme ils disent et redisent?

Que de questions...

Voilà ma modeste contribution au Grand Débat, qu'on pourrait aussi appeler le Grand Gouffre sans fond.

Et ce sera ma dernière, je vous le promets.