En choisissant Tokyo pour accueillir les Jeux olympiques de 2020, les membres du CIO ont opté pour la prudence. La situation politique et économique des autres villes candidates (Istanbul et Madrid) suscitait tout simplement trop d'inquiétudes. Le Japon sera donc pour la quatrième fois l'hôte de cette grande fête sportive.

Il fait peu de doutes que les Japonais tiendront des Jeux de qualité. Le dossier de candidature de Tokyo est d'ailleurs impressionnant, notamment du fait que presque toutes les installations sportives se trouvent dans un rayon de seulement 8 kilomètres du village olympique. De plus, pour lever tout doute sur ses capacités financières, la ville a déjà mis de côté 

4 milliards pour la construction et la rénovation des stades.

Ce n'est donc pas du côté du CIO que le choix de Tokyo comporte des risques, mais de celui du Japon. Les autorités japonaises font le pari que les Jeux contribueront à la relance économique durable qui leur échappe depuis un quart de siècle. Les imposants investissements nécessités par la tenue des JO s'inscrivent parfaitement dans la stratégie du premier ministre Shinzo Abe, les fameuses «Abenomics».

Depuis l'arrivée au pouvoir de M. Abe il y a moins d'un an, l'économie japonaise a montré des signes de réveil (taux de croissance annualisé de quelque 4%). Mais les problèmes de fond sont loin d'être réglés. L'État japonais est le plus endetté du monde industrialisé (230% du PIB). La population est non seulement vieillissante, elle est en diminution (30 millions de personnes de moins d'ici 2050), une situation qui pèse lourd à la fois sur les finances publiques et sur la croissance.

À l'euphorie provoquée par la décision du CIO succéderont bientôt des débats houleux sur les réformes nécessaires. La première décision difficile devra être prise dès le mois prochain: faut-il oui ou non augmenter la taxe de vente de 5% à 8% en 2014, comme l'avait annoncé le précédent gouvernement? Certains économistes estiment que la reprise économique est trop fragile pour encaisser un tel choc. D'autres jugent que cette hausse est essentielle au rétablissement de l'équilibre budgétaire.

Dans un contexte où le gouvernement demandera aux citoyens japonais de faire des sacrifices, les dépenses colossales entraînées par la tenue des Jeux olympiques susciteront certainement la controverse, et ce même s'il n'y a pas de dépassements de coûts. Tokyo peut-elle vraiment se permettre un stade olympique aussi spectaculaire que celui conçu par la star internationale de l'architecture Zaha Hadid (1,5 milliard)?

Si les Abenomics portent fruit, les Jeux de 2020 consacreront le retour du Japon à la prospérité. À l'inverse, si le pays ne parvient pas à se sortir du marasme, les JO pourraient porter le coup de grâce à un modèle économique désuet.