Rendant une décision de la onzième heure, les autorités du Palais des congrès ont annoncé, samedi, qu'elles renonçaient à recevoir l'événement Entre ciel et terre, prévu le week-end prochain.

Étaient au programme les allocutions de quatre preachers islamistes réputés prôner l'interprétation la plus rigide de leur foi, c'est-à-dire une doctrine hostile aux femmes, aux gais, aux arts, à la civilisation occidentale en général. Des manifestations avaient été annoncées. Or, on sait que les radicaux politico-religieux ont un don pour initier des incidents violents, soit directement, soit indirectement par les réactions qu'ils suscitent.

L'événement a donc été annulé « pour des raisons de sécurité » bien qu'il puisse être relogé ailleurs, ce dont auront à décider ses organisateurs.

Tout cela était si prévisible qu'on s'étonne que les autorités, et pas nécessairement celles du Palais des congrès, n'aient pas réagi plus tôt.

Mais réagir comment ?

La décision de samedi peut être interprétée - et le sera - comme une atteinte à la liberté d'expression. Cela risque de transformer en martyrs des prédicateurs déjà opprimés par « une campagne de diabolisation effectuée par certains médias », selon les organisateurs. Voleront maintenant en tous sens, peut-on prévoir, les accusations d'« islamophobie »...

Il faut donc rappeler ici deux grands principes. Un, la bêtise n'est pas illégale et est même protégée, pour ainsi dire, par la Charte des droits. Deux, la perspective de la violence ne doit jamais avoir raison de la parole : ce n'est glorieux pour personne. La décision du Palais des congrès est en ce sens un aveu d'échec.

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Qu'aurait-il fallu faire ? Un. S'assurer que les prédicateurs en question n'ont pas de passé criminel. Ce serait un motif légitime de leur refuser l'entrée au Canada, comme ça l'a été en 2012 pour le pasteur chrétien Terry Jones. Cette vérification serait actuellement en cours, mais elle aurait dû être complétée beaucoup plus tôt.

Deux. Au lieu d'interdire la parole, prévoir le pire, c'est-à-dire une éruption de violence, et les moyens de la réprimer. Si l'événement est déplacé et non pas annulé, le problème se posera de toute façon.

Trois. Permettre la parole, même offensante, mais ne pas tolérer l'incitation à la haine, à la violence et ultimement au meurtre. Ça semble évident. Mais l'Occident a mille fois fermé les yeux sur ce qui est pourtant interdit par la loi. En Europe, où le militantisme islamiste est fortement enraciné, on a par calcul électoral, par rectitude politique, par lâcheté, laissé des bataillons d'orateurs et même la « rue » prononcer des condamnations à mort.

Cela veut dire : asseoir devant ces orateurs, à quelque endroit où ils s'exprimeraient, des policiers équipés d'un Code criminel ouvert à la page où figure l'article 319 (1) traitant d'incitation à la haine.

Des policiers équipés de menottes, au cas où.