Il y a des athlètes qui parlent votre langue et qui peuvent vous ennuyer à pleurer dans une entrevue. Puis il y en a d'autres, Artur Beterbiev, par exemple, du Daguestan, qui ne comprend pas un mot de français ni d'anglais, mais qui offre, avec sa gestuelle, son regard, ses sourires et une interprète russe à talons aiguilles, une conversation qu'on voudrait prolonger.

Artur a 28 ans, il a connu une grande carrière chez les amateurs. Après deux championnats mondiaux des mi-lourds, il a décidé de tenter sa chance chez les pros. Il est un peu tard, mais le bonhomme a amplement de temps pour laisser sa marque et gagner quelques dollars. Avec un tel dossier, il faudra suivre ce guerrier et nouveau salarié de GYM.

Comment va la nouvelle vie à Montréal, Artur?

«Je suis comme un poisson dans l'eau. Je n'ai pas le temps de m'ennuyer, je suis toujours à l'entraînement. Je parle à ma femme et à mes deux enfants chaque jour. Ils vont venir me rejoindre bientôt.»

Artur parle des petits Akhmad, 3 ans, et Amira, 6 mois, pour qui il tente la grande aventure de la boxe professionnelle à l'autre bout du monde. Le Daguestan, ce n'est pas la Gaspésie.

«Si j'étais toujours chez les amateurs, je saurais exactement ce que l'avenir me réserve, mes horaires d'entraînement, la date des grandes compétitions, les dates précises de mes prochains combats. Mais ici, j'attends des nouvelles. Ça demande une certaine adaptation.»

C'est qu'Artur sait qu'il va se battre le 28 septembre au Centre Bell, mais il ne connaît toujours pas l'identité de son adversaire.

«J'espère qu'il sera fort physiquement et qu'il me donnera une bonne opposition. J'ai besoin des six rounds d'expérience.»

Pas sûr que le promoteur Yvon Michel présentera un adversaire trop coriace si tôt dans la carrière de son nouvel investissement. (Artur a déjà remporté une victoire en deux rounds à son premier combat professionnel.)

La chaîne HBO a sa propre étoile russe en la personne de Sergei Kovalev. Artur sourit en entendant ce nom: «Je l'ai battu deux fois chez les amateurs. Il se sauvait de moi dans l'arène. Je devais lui courir après.»

Quelles sont tes forces, Artur? Il sourit encore en frappant fort de son poing droit dans sa main gauche.

«Je frappe fort et je suis un maniaque de l'entraînement. J'adore travailler dans un gymnase.»

Ça, amateurs de boxe, est un indice très important.

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Jean Pascal aussi fera partie de cette belle carte de boxe du 28 septembre, qui présentera en finale Adonis Stevenson contre Tavoris Cloud. Ce combat sera spectaculaire. Le premier qui couchera l'autre, sans trop de politesses.

Eleider Alvarez et David Lemieux auront des adversaires coriaces cette fois. Kevin Bizier et Antonin Décarie seront aussi de la partie. Des gars de la place qui mènent de belles carrières.

Quant à Pascal, après deux années d'absence, il devra aimer le gymnase autant qu'Artur Beterbiev. Même son promoteur, Yvon Michel, a émis publiquement des doutes sur la condition physique de son homme qui, dernièrement, a eu des ennuis de santé.

Pascal a pris le micro jeudi et s'est lancé dans un long éloge d'Yvon Michel qui était involontairement comique. Ces deux-là se poignardent et se flattent tour à tour dans une de ces relations tordues dont la boxe a le secret.

En attendant, nous souhaitons tous un Jean Pascal en grande forme et en bonne santé pour le grand rendez-vous contre Lucian Bute en janvier.

Il y a des réputations de connaisseurs de boxe et même quelques dollars en jeu dans cette histoire.