Vous savez l'Isidore d'une de mes dernières chroniques - Isidore je vous embrasse, c'était le titre - eh bien, il est mort.

C'est bête comme ça, des fois, la mort. T'embrasses quelqu'un au coin de Gendreau et Laval, façon de parler parce que lui était à vélo, toi en auto, tu baisses la vitre: Isidore! Je vous embrasse. Il part à rigoler: Pas moi! Deux jours après, on vous dit: vous savez l'Isidore de votre chronique? Eh bien, il est mort.

Je l'avais rencontré l'avant-veille de ses 80 ans à la polyvalente où il venait de recevoir son chèque de 1000$ comme tous les sinistrés. Je suis le 17e d'une famille de 17, j'ai 80 ans le 17, vous croyez que je devrais aller jouer le 17 au casino?

Il venait d'Audet où il avait été travailleur agricole et bûcheron, un minuscule bûcheron alors, et plus maigre que le manche de sa hache... s'il a vraiment été bûcheron. C'était le genre à dire des folies pour se moquer de vous ou de lui ou de la vie en général. Une jeune et jolie bénévole assistait à notre entretien, Isidore lui faisait mille compliments qui la faisaient rosir, Isidore je vous adore s'amusait-elle, et l'autre aussitôt:

On se marie alors?

Un peu hobo et ramasseux, une demi-douzaine de sacs étaient accrochés au guidon de son vélo, il venait d'être relogé au motel Quiet où il disait être traité comme un prince. La fameuse nuit, il s'était caché sous son lit dans son petit appartement de la rue Frontenac, dans la zone rouge; un jeune pompier l'avait tiré de là.

Avez-vous perdu des parents? Des amis?

«J'avais une amie, elle n'est pas morte dans l'incendie, elle est morte le 6 mai, elle s'appelait Yvonne Langlois, elle avait 103 ans.» Le drame avait tiré Isidore de son isolement, le dortoir de la polyvalente, les bénévoles qui l'avaient un peu adopté, et là un journaliste pour le faire parler: «C'est pour quel journal déjà? Ça va sortir quand?»

Des lecteurs me disent qu'il a été heurté par une auto. D'autres qu'il est tout simplement tombé de son vélo, le coroner Robert Giguère me dit lui qu'il est mort [naturellement] lors d'une promenade à vélo. Un coroner poète? Pourquoi pas. C'est arrivé samedi dernier, il était le fils d'Alvina Pépin et de Polycarpe Blais. Selon ses dernières volontés, on ne lui fera pas de funérailles. L'urne sera déposée au colombarium du Granit.

Je vous embrasse une dernière fois Isidore.

TRANSPORT - Rien à voir avec Lac-Mégantic.

Tout le monde se souvient que Ryder louait des camions, mais d'après vous, qu'est-ce qu'Urgel Bourgie peut bien louer? Des corbillards oui très bien, mais encore?

Je vais vous l'apprendre je crois: Urgel Bourgie loue des autobus. Oui madame, des autobus. Pour aller où? Où vous voulez.

Mettons que vous êtes la joyeuse animatrice d'une résidence de vieux. Mettons la Résidence Samuel de Champlain à Iberville. Que ceux et celles qui souhaitent aller passer la journée dans le coin de Bedford, Frelighsburg, la route des vins, Dunham, lèvent la main...

Moi madame, moi, moi. La joyeuse animatrice ramasse une quinzaine de guillerets grabataires - j'exagère - et elle appelle Urgel. À l'heure dite, l'autobus est dans la cour de la résidence, un joli autobus blanc, écrit dessus en très gros dans un carré noir «Urgel Bourgie», et aussi, écrit au-dessus des vitres panoramiques, en très gros aussi: «spécialiste en préarrangement».

Ils avaient réservé dans un restaurant dans le bout de la route des vins. À la fin du repas, le restaurateur les a raccompagnés dans le parking. Ciel! Il est presque tombé à la renverse à la vue de l'autobus! Il a cru à une blague, mais non, les petites vieilles sont montées dans leur pré-corbillard tout blanc sans un frémissement, le restaurateur a failli demander au chauffeur: Vous les emmenez directement au cimetière?

MES EXCUSES À BROSSARD - Je me suis énervé l'autre jour à propos d'haltérophilie, je disais que la municipalité de Brossard allait désormais facturer au club Fortius 20$ de l'heure par athlète adulte pour la location du gymnase de l'école Antoine-Brossard où le club est hébergé gratuitement depuis toujours. M'agitant de la calculette, je comptais qu'une athlète d'élite qui s'entraînait 20 heures par semaine aurait à débourser 20 000$ par année.

Sauf que ce n'est pas 20$ de l'heure par athlète, c'est 20$ de l'heure point, à diviser entre tous les athlètes adultes présents.

Remarquez, des fois ils ne sont pas nombreux présents, deux ou trois... anyway je me suis trompé.

PÉPÈRE LA VIRGULE - En mai, Chrysler Boucherville envoyait à ses clients une lettre pour les inviter à une vente spéciale, lettre qui apparemment était pleine de fautes. Je ne l'ai pas vue, ce n'est pas important, je vous parle ici de la lettre d'excuses que Chrysler Boucherville a adressée aux mêmes clients...

«À notre clientèle, suite à l'invitation concernant notre vente privée, Boucherville Chrysler tenait à s'excusé pour cette publicité qui contenait des erreurs de grammaire et d'orthographe».

Plus loin, il est souligné qu'il importait énormément à cette entreprise familiale québécoise que sa pub soit rédigée dans un français exemplaire... mais bon le français ne doit pas faire oublier les affaires, ainsi, en guise de compensation, les clients qui se présenteraient les 11 et 12 juillet avec cette lettre d'excuses - on se demande si elle n'a pas été rédigée à cette seule fin - bénéficieraient d'un rabais de 500$ - qu'ils auraient eu de toute façon - sur l'achat d'un véhicule neuf ainsi que cinq changements d'huile sans frais.

J'imagine que Chrysler Boucherville va s'excuser auprès de sa clientèle de son énorme faute dans sa lettre d'excuse et refera une faute en s'excusant, et ainsi de suite, offrant chaque fois un rabais de 500$; avec un peu de patience, les clients pourraient finir par avoir un char gratuit...