Ce n'est plus qu'une question de jours, voire d'heures. 

La Cour suprême américaine doit rendre, probablement aujourd'hui, une décision qui aura un impact important dans le débat sur la légalisation du mariage homosexuel aux États-Unis. Le plus haut tribunal américain doit en effet se prononcer sur la reconnaissance des résultats d'un référendum de 2008 en Californie (appelé la Proposition 8), qui a eu pour effet d'interdire le mariage gai dans l'État, alors qu'il y avait été légalisé six mois plus tôt.

Il doit aussi se pencher sur la constitutionnalité de la définition fédérale du mariage entre un homme et une femme (le Defense of Marriage Act), adoptée en 1996 par le président Clinton, qui empêche les couples homosexuels légalement mariés d'avoir accès à certains avantages sociaux.

Ces décisions, si elles s'avèrent favorables aux partisans des droits des homosexuels, n'auront évidemment pas pour effet de légaliser le mariage entre conjoints du même sexe partout sur le territoire américain. Mais peu importe la décision de la Cour suprême et la portée qu'elle aura, on constate que l'idée de la légalisation du mariage homosexuel fait son chemin aux États-Unis.

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Depuis la déclaration officielle du président Barack Obama pour la reconnaissance des mariages homosexuels, en mai 2012, l'appui populaire grimpe à une vitesse rarement égalée, a noté récemment l'institut de sondage non partisan Pew Research Center. De 38% en 2008, la proportion d'Américains favorables au mariage gai dépasse maintenant la barre des 50%.

Aujourd'hui, douze États, en plus du District de Columbia, ont légalisé le mariage entre conjoints du même sexe, dont six dans la dernière année. Huit autres États ont légalisé l'union civile ou d'autres formes de reconnaissance pour les couples homosexuels.

Seulement la semaine dernière, deux événements ont marqué une évolution nette du débat au sud de la frontière. Une association religieuse vouée à la «guérison des homosexuels», Exodus International, s'est sabordée après avoir distribué thérapies et prières inefficaces pendant plus de 35 ans. Son président s'est publiquement excusé pour «la peine et la souffrance» endurées par les homosexuels qui ont cru en leurs méthodes.

Et puis, cette autre nouvelle épatante: la sénatrice républicaine de l'Alaska, Lisa Murkowski, est devenue la troisième sénatrice de son parti à appuyer publiquement le mariage entre conjoints du même sexe. Dans sa déclaration, Mme Murkowski a insisté sur les valeurs conservatrices d'une telle position: la défense des libertés individuelles (devant un gouvernement perçu comme étant déjà suffisamment intrusif), et la promotion des valeurs familiales (l'unité des familles gaies est menacée lorsque les deux conjoints ne sont pas reconnus).

Dans sa déclaration à ses concitoyens, Lisa Murkowski explique avoir changé d'idée sur le mariage homosexuel. Tout simplement. Comme bon nombre d'Américains à ce sujet, d'ailleurs. Souhaitons que la Cour suprême en a tenu compte dans ses réflexions.